Modèle de consommation inadapté '

N'est-il pas temps de revoir de fond en comble, ou d'abandonner carrément, cette vieille rengaine de la réquisition d'un certain nombre commerçants durant les périodes de fêtes religieuses qui durent généralement deux jours, voire plus quand elles coïncident avec les week-ends 'En tout cas, ce procédé unique en son genre dans le monde musulman ne semble trouver satisfécit qu'auprès des responsables du secteur du commerce et des associations des commerçants, qui viennent immanquablement les lendemains de fêtes applaudir au respect total des consignes de permanence. Ce qui n'est pas totalement faux, car les commerçants concernés par la réquisition lèvent bien leurs rideaux, parfois juste le temps de passage des agents de contrôle, mais sans jamais arriver à satisfaire la demande des citoyens, selon de nombreux témoignages. Ainsi, le programme de permanence, élaboré à l'effet d'assurer aux citoyens un approvisionnement régulier en produits alimentaires et services de large consommation, selon les termes du communiqué du ministère du Commerce, reste différemment apprécié. Non pas parce que les commerçants n'ont pas respecté la permanence, mais à cause de l'impossibilité pour ces commerçants de répondre à une demande partagée en temps normal sur un nombre de commerçants près de 40 fois supérieur aux 50.000 commerçants présentement réquisitionnés !
L'exemple édifiant des boulangers, qui ouvrent boutique en fonctionnant à 10 ou 20% de leur capacité, voire moins que ce taux, en raison de la défection des travailleurs qui ont pris congé pour célébrer la fête de l'Aïd El Fitr avec les leurs, devrait à lui seul pousser les autorités à se défaire de cette histoire de réquisition et songer à mettre en pratique d'autres plans d'approvisionnement de la population, ou faire en sorte d'inculquer aux citoyens un nouveau mode de consommation. La baguette de pain qu'on jetait par millions dans les poubelles il y a seulement quelques jours, durant le ramadhan, devient durant ces deux ou trois jours de fêtes une denrée très recherchée. Sans parler des fruits et légumes, des viandes rouges et blanches, et autres restaurants et pâtisseries, qu'on ne pourrait trouver presque nulle part.
Est-il possible d'éviter ces problèmes qui surgissent cycliquement en pareilles périodes ' Respect des permanences par les commerçants réquisitionnés ou pas, difficile d'y faire face avec le modèle de consommation de la société algérienne. Cela ne veut pas dire qu'aucune solution ne peut exister dans ce cadre. Si les gens, de leur propre initiative, prenaient des précautions et s'approvisionnaient avant la fermeture de l'Aïd en produits nécessaires, légèrement, juste ce qu'il faut pour passer les deux jours de la fête de l'Aïd peinard, certains le font bien, on pourrait donner aux commerçants le libre choix de lever les rideaux ou de les garder baissés. Les autorités ne devraient-elles, non pas seulement aller promptement à la sanction contre les commerçants qui ne se plieraient pas à la réquisition, mais penser également à la sensibilisation et chercher des voies et moyens qui inciteraient les commerçants à ne pas baisser rideaux durant les jours de fêtes ' Enfin tout, mais hors de ce procédé de réquisition des commerçants, pour assurer la permanence en période de fêtes, devenue rébarbative et collant absurdement à l'actualité.