Mode de vie à Maghnia
Mohamed, le vendeur de figues de Barbarie
Il est venu de sa lointaine Tamelahat, dans la wilaya de Tissemsilt. Un turban vert sur la tête, comme la couleur des figues de Barbarie qu’il vend 5 DA l’unité.
Ceux qui n’en ont pas peuvent en manger quand même, sans payer. « C’est un cadeau de Dieu, pourquoi en priver les autres ? », affirme-t-il le sourire perpétuellement sur les lèvres… Les figues qu’il juge de mauvaise qualité ? Hé ben, il les dévore lui-même. « Pas question de fourguer n’importe quoi à mes clients », avoue-t-il avec une rare honnêteté. Bosseur, cet homme digne, qui ne vient à Maghnia que pendant l’été, se consacre, en hiver, au forage des puits dans sa région de l’ancienne Vialar. Il est sourcier, puisatier, manœuvre, vendeur… « Il n’y a pas de sot métier », confirme-t-il. Vite adopté par les autochtones, Mohamed Messad, 47 ans, ne compte jamais quand il épluche ses figues pour les autres. « A mes clients de faire leurs comptes et qu’importe s’ils se trompent sur le nombre. » Original, quand il va faire sa prière à la grande mosquée, il laisse « ouvert » son magasin à même la rue. « On ne me vole jamais mes figues, mais plutôt mes avertisseurs. Ce doit être des enfants », dit-il, magnanime. Sur la terrasse du restaurant de Hachemi, tous les soirs, il stationne sa carriole. Entre deux épluchures, il n’omet jamais de lancer une sentence. Sachant que parmi le groupe d’Ahmed Bentalha, il y avait une éminence algérienne résidante au Canada, en l’occurrence Bélaïd Aouni, Mohamed fait un vœu : « Ne me contredisez pas, d’abord. » Tous pensaient deviner la pensée du vendeur : « Tu veux émigrer au Canada ? « Staghfir Allah, riposta-t-il, non, je voudrais simplement dire à Si Bélaïd qu’il peut manger mes figues sans payer. Ouallah, koul, c’est un honneur pour moi ! » Quelle grandeur, ce Si Mohamed !
Posté Le : 03/02/2021
Posté par : aprincess
Source : https://azititou.wordpress.com/category/faits-divers/