Algérie

Mode d'emploi illisible



Mode d'emploi illisible
L'échec de l'école se répercute inévitablement sur la société et le pays. La montée du chômage des jeunes non diplômés en Algérie est d'abord le résultat d'une politique de l'Education qui, au lieu de se mettre en phase avec les mutations socioéconomiques et les défis de l'heure, est resté figée dans un schéma suranné qu'on essaye d'améliorer en tâtonnant et en expérimentant des méthodes sans même les adapter. Au final, au lieu d'avoir une école qui forme, oriente et prépare pour minimiser les rejets en préqualifiant tous les élèves, qui pour un diplôme supérieur qui pour une formation diplômante, on a une école dont la seule mission est d'accompagner, cahin-caha, l'enfant jusqu'à la fin du cycle moyen. Là, il y aura la première vague de recalés qui n'auront d'autre choix que de s'orienter vers une formation professionnelle, sans aucune préqualification ni garantie d'emploi, ou le marché informel qui absorbe tous les chômeurs. Le bac classique, car celui professionnel qui pourrait contribuer à la réduction des taux d'échecs scolaires est toujours dans les tiroirs, est le deuxième sas. La vague grossit et les mêmes issues et incertitudes s'offrent à ceux qui auront raté cette marche, ce qui ne veut pas dire que les bacheliers sont tirés d'affaire. L'un dans l'autre, en bout de course, l'Algérie s'est retrouvée avec des millions de jeunes chômeurs qui étaient autant de candidats pour tous les fléaux sociaux, le marché informel étant le moindre, socialement parlant. Le politique s'est donc retrouvé avec un problème sur les bras qu'il devait résoudre coûte que coûte pour éviter de retomber dans des situations explosives comme le pays en avait déjà connu. Mais au lieu de mettre en place une politique de l'emploi, interagissant avec l'école, la formation et le monde économique, et où la lutte contre le chômage ne sera qu'un chapitre, les décideurs, hantés par le risque d'explosion sociale, se sont focalisés sur la nécessité de réduire le nombre de chômeurs par tous les moyens et à n'importe quel prix. C'est ainsi que naitront tous ces dispositifs de soutiens aux jeunes porteurs de projets et formules d'emplois de jeunes. Des crédits bonifiés seront accordés et des postes d'emploi quasi fictifs seront créés. Personne ne parle de qualifications. Pis, on ne s'inquiète pas d'accompagner le jeune «entrepreneur» pour lui éviter le casse-gueule. Seules les banques, publiques, faisant jouer les règles prudentielles qui s'imposent, temporisent pour accorder des crédits pour des projets dans des créneaux saturés et sans aucune garantie de retour de l'investissement, se faisant ainsi la cible de toutes les critiques. Mais après les nombreux échecs, les pouvoirs publics ont été obligés de reconnaître les lacunes de leur politique et la nécessité d'une révision des dispositifs, petite révision, car le risque d'explosion est toujours là. Quant à la solution finale, une politique de l'emploi réaliste et prospective, nous l'attendons toujours.




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