Algérie

Mobilis vient d'installer un relais dans cette localité de Tipasa Les habitants de Mazer découvrent le portable



Mobilis vient d'installer un relais dans cette localité de Tipasa Les habitants de Mazer découvrent le portable
Octobre 2013. Les habitants de douars de la localité de Sidi Semiane découvrent le... téléphone portable pour la première fois ! Pourtant, ce ne sont pas des tribus indiennes d'Amazonie, mais bel et bien des Algériens qui habitent à 50 km de Tipasa.Depuis quelques jours, dans cette localité perdue dans des plaines serties de chaînes de montagnes, un monstre d'acier est apparu à l'horizon. Un relais BTS (Base Transceiver Station) de l'opérateur Mobilis, qui l'a semé dans ce village où la vie demeure rude comme on sème un arbre plein d'espoir. Sidi Semiane est comme toutes ces localités oubliées par la frénésie du développement. L'eau y est arrivée il y a longtemps. Puis l'électricité. Le gaz un peu moins. Le terrorisme est aussi arrivé pour rendre ce hameau isolé encore plus isolé.
Avec le retour de la paix, désenclaver cette région c'est lui rendre la parole. Le son. La possibilité de communiquer avec les autres. Mieux encore : entre eux. "Si les routes ont toujours été le moyen le plus privilégié pour désenclaver une région, le portable n'en est pas moindre", nous déclare pas peu fier le maire de la commune, Ali Bahou. Le relais GSM de Mobilis a déjà fait des heureux à Mazer, Sidi Moussa Azouaou, Bouharb, Tyfas, Sidi Djilali, Ghardous et d'autres bourgades avoisinantes inconnues, comme revenues dans la carte de la région grâce au téléphone mobile.
Si dans certaines villes très bien couvertes par les réseaux des BTS/GSM, on se permet le luxe de parler des nuisances des ondes des relais installés sur les toits des immeubles ou sur les bénéfices que ça peut rapporter aux locataires, dans ces villages aux noms imprononçables, où l'on a fui la terre nourricière, le débat sur les technologies se résume à être simplement joignable. Sidi Semiane et les autres, dont le retour des populations est progressivement encouragé par les programmes de développement et des aides de l'Etat pour l'habitat rural, l'installation récente d'une BTS, la seule qui existe, c'est plus que du développement. C'est rejoindre à nouveau la communauté.
Et parfois, les applications et les conséquences sont étonnantes ! À quoi sert un relais BTS dans l'agriculture ' Mohamed Madoun, un quinquagénaire, propriétaire de champs de tomates, nous raconte en exhibant son portable l'impact de ce qu'il qualifie "d'outil révolutionnaire" sur son quotidien. "Les champs sont vastes et j'avais du mal à tout inspecter et orienter mes enfants qui m'aident à cultiver la terre et diriger les travailleurs", explique-t-il. Et d'ajouter : "Le contact avec mes partenaires et connaître les besoins du marché est primordial pour nous autres agriculteurs, et c'est enfin possible de manière instantanée et sans aucun déplacement grâce au portable."
Loin des slogans marketing, la réalité peut être plus frappante que la publicité.
À Sidi Semiane, on peut inventer un nouveau teaser, faire un clip style "Mobilis rapproche les gens" qu'on ne mesurera pas à quel point c'est pertinent. Le relais BTS peut-il être source de convivialité ' Au café maure du village, la réponse des citoyens est d'une simplicité désarmante : l'avènement de la téléphonie dans la région est ce sentiment d'être, enfin, considérés comme des citoyens à part entière dans son propre pays.
D'autres, assis à siroter un café, portant fièrement leur téléphone portable enfin utile, sont catégoriques quant au changement que cela produit dans leur vie. "Même si le signal faiblit ou disparaît par moment, nous sommes heureux et soulagés de pouvoir être enfin en mesure de maintenir contact avec le reste de la région et nos proches. Auparavant, il nous arrivait de ne pas arriver à temps pour des enterrements à cause de l'éloignement et de l'absence de tout moyen de communication."
Ce soulagement, synonyme de développement basique, peut être également celui du dynamisme économique inattendu de la jeunesse de la région. "J'ai dans l'idée d'ouvrir une petite bicoque et vendre les cartes de recharge et les puces, et pourquoi pas plus tard des téléphones portables", confie un jeune presque en chuchotant, de peur, nous dit-il, qu'on lui pique l'idée.
Il faut reconnaître qu'hormis quelque élevage et l'agriculture (tomates, poivrons et piment), il n'y a pas grand-chose à faire sur ces 7 450 ha sur lesquelles vivent pas moins de 2 930 personnes qui peuvent dorénavant prétendre à leur part de développement. Mais combien de Sidi Semiane demeurent dans l'oubli ' Bon nombre de zones algériennes restent encore sans couverture téléphonique ou ont été récemment dotées de BTS venant pour la plupart des cas d'un seul opérateur, en l'occurrence Mobilis (localités d'Arekene, Tadmirt, Bordj El-Haoues, dans la wilaya d'Illizi). Celles-ci ont vu l'introduction du portable, pour la première fois, depuis juillet dernier, ou bien Zbara, commune de Tagdit (daïra de Bordj Khriss) à Bouira depuis mai 2011, ou encore Chnachen à Adrar qui boucle à peine sa 1re couverture à travers l'antenne relais GSM de Mobilis. En quittant ces terres fertiles de Sidi Semiane où trône dorénavant le relais Mobilis, en revenant vers Alger où l'on parlera futilement des retards de la 3G, on ne peut s'empêcher de penser à tous ces habitants, fébriles et heureux, de vous donner leur numéro de téléphone pour la première fois de leur vie.
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