Algérie

Mme Zoubida Amirat : le double combat d'une Algérienne digne


ALGER - Incarnant le nationalisme et le combat de la femme algérienne dans la guerre de libération, Zoubida Amirat, veuve du défunt moudjahid Slimane Amirat, est une image vivante d'une Algérienne dont la vie rime avec le dévouement pour la patrie et la justice.Grandie dans une famille nationaliste, Mme Amirat raconte avec passion et douleur, son vécu durant l'occupation française. Parlant de cette période, elle se dit "terrifiée et marquée" à vie par les affres de la colonisation française et ces effets néfastes sur le peuple algérien.
Rencontrée à la veille de la célébration de la fête internationale, cette femme de 72 ans se caractérise par une modestie remarquée et ne laisse aucune ombre sur sa personnalité "discrète". Pourtant, Mme Amirat a eu une vie pleine, émaillée de faits d'armes pendant la Guerre de libération nationale et de combat pour les droits de femmes après l'indépendance, mais, elle dit qu'elle répugne de parler de sa vie et de son combat, préférant évoquer l'héroïsme de ses compagnons d'armes.
Rien ne prédestinait cette citadine algéroise à participer à l'effort de la Guerre de libération, et vivre sa jeunesse entre buissons et grottes dans les maquis.
Enfant, elle avait intégré les rangs des Scouts musulmans algériens et était également élève du grand érudit cheikh Tayeb El Okbi, membre de l'association des oulémas musulmans, avant d'intégrer, plus tard, à la faculté d'Alger. "Ne pouvant pas rester insensible à la cause nationale", d'autant plus que ses trois frères avaient rejoint le maquis, elle a dû emprunter, à son tour, les sentiers difficiles des maquis de l'Armée de libération nationale, en 1958, alors qu'elle avait à peine 18 ans.
Mme Amirat a eu deux s'urs qui ont également intégré les rangs de l'ALN. "J'étais dans la région de Remili, sur les hauteurs de Sidi Moussa (sud d'Alger), parmi un groupe de moudjahidine qui opérait sous les ordres du martyr Abdelahamid Tata", raconte-elle. "Ma mission consistait à accomplir un travail psychologique et éducatif auprès des femmes de la région", précise-t-elle.
Comme elle ne pouvait focaliser son récit sur son apport, elle décide vite de parler des conditions de vie de la population à l'ombre de la Révolution et de la répression féroce des populations par l'armée coloniale. Elle décrit avec douleur et larmes les conditions "très difficiles" dans laquelle vivaient les populations, en particulier les femmes, soulignant, à ce propos, que ce sont des expériences tellement dures que nous ne pouvons oublier de sitôt.
Elle indique aussi qu'elle effectuait fréquemment des déplacements à Alger avec ses compagnons de guerre, "pour se procurer armes, acheminer des documents et vêtements, avec les risque que de telles entreprises comportaient".
Cultivant la discrétion, elle dit "préférer parler plutôt des sacrifices des autres" que des siens. "Je préfère être discrète. C'est ma nature, et je n'aime pas trop parler de mon histoire". C'est ainsi qu'elle évoque avec émotion la mort de ses deux frères et son chef Abdelahamid Tata, qui n'ont pu assister à l'indépendance de leur pays.
Pour lutter contre l'oubli, Mme Amirat a créé la "Fondation Slimane Amirat" avec pour objectif, a-t-elle indiqué, de participer à l'écriture de l'histoire "par ceux qui l'ont vécue". Mme Amirat a tenu a appelé, à cette occasion, la génération actuelle, hommes et femmes, "à poursuivre avec foi le travail de leurs prédécesseurs et aller de l'avant pour une Algérie forte".
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