- Comment percevez-vous les déclarations du président de la République, du Premier ministre, du ministre de l’Energie, du directeur général de Sonatrach et des experts qui se sont exprimés à ce jour?
J’en déduis qu’ils expérimentent. Que nous sommes, comme nos concitoyens de Reggane, le terrain de prédilection des expérimentations françaises Et si c’est réellement le Président qui a tranché, nous sommes choqués, car la société forait depuis longtemps sans que personne ne soit au courant, sans aucune transparence.
Le scandale est au cœur de cette «expérimentation». Personne n’a le droit d’expérimenter sur nous. Le débat n’est plus «nocivité du gaz de schiste ou pas». Le problème est que tout le monde sait, en Algérie et ailleurs, que notre eau est polluée par les fracturations et que l’on continue à fracturer et à polluer sans que cela ne dérange personne. Et le pire c’est le mensonge organisé autour de cette communication.
Le Président n’a pas parlé de moratoire. Il a implicitement reconnu que la préparation de l’opinion publique à ce projet devait passer par une communication avec le peuple. Nous sommes confrontés à des mensonges, mensonges, mensonges! Je peux à peine m’exprimer sur ce sujet, je préfère vous dire qu’il y a quelques jours, l’Ecosse a renoncé au gaz de schiste.
- Pourquoi le second forage fait-il aussi peur à In Salah?
Parce que second forage veut dire nouvelle fracturation hydraulique.
- Vous demandez expressément au chef de l’Etat un moratoire sur le gaz de schiste, pour quelle raison?
Il n’y a pas de dialogue possible tant que nos interlocuteurs ne reconnaîtront pas que l’expérimentation, l’exploration et l’exploitation ont un seul et même effet: la pollution de la nappe phréatique par les fracturations. Nous savons tous que l’ouverture d’un dialogue requiert un minimum d’honnêteté. Le moratoire est un passage obligatoire, je ne vois pas comment nous pourrions dialoguer alors que les forages écocides et assassins continuent.
- 45 jours dans la rue. Pensez-vous que le gouvernement reculera devant la continuation du mouvement?
Aucun doute là-dessus. Nous n’avons aucune autre alternative, nous sommes conscients que l’Algérie est liée aux multinationales par des contrats tellement étendus sur les décennies à venir et tellement importants économiquement que les tenants et les aboutissants du problème vont au-delà de notre revendication.
Mais notre interlocuteur est l’Etat qui fore en cachette, pollue en cachette et nous demande de mourir en silence. Ce n’est plus possible! Nous sommes obligés de défendre nos vies contre notre Etat et à l’intérieur de notre pays. C’est chez nous. Et on ne peut vivre que chez soi.
Houria Alioua
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Posté Le : 17/02/2015
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: liberte-algerie.com ; texte: Houria Alioua
Source : elwatan.com du mardi 17 février 2015