Algérie

Mme Cristina Amaral, coordinatrice des Nations Unies en Algérie, hier, au Forum de "Liberté""Le développement ne s'importe pas"



Mme Cristina Amaral, coordinatrice des Nations Unies en Algérie, hier, au Forum de
Au-delà du satisfecit accordé aux autorités algériennes, la représentante de l'ONU à Alger n'a pas manqué de rappeler, toutefois, quelques évidences...En marge de la journée des Nations unies, célébrée chaque année le 24 octobre, l'invitée du forum de Liberté est revenue hier sur cette date-anniversaire de l'entrée en vigueur de la "Charte des Nations unies" en 1945. Elle rappellera que ce document-fondateur avait été ratifié par 51 Etats-membres dont 30 n'admettaient pas, à l'époque, le "droit de vote des femmes". "En termes de population, de 2,5 milliards d'habitants, la planète en compte aujourd'hui sept", poursuit-elle. "Par définition, les systèmes ne sont pas statiques, ils évoluent dans le temps. Le monde est, aujourd'hui, beaucoup plus complexe. On a affaire à des défis importants de paix et de sécurité ainsi que de gros défis d'environnement". Pour elle, "la pertinence de l'ONU", elle l'a doit précisément à ses capacités d'adaptation au cours des 68 dernières années. Et avec l'accession d'anciens pays colonisés à l'indépendance, "la famille s'est agrandie"..., a-t-elle noté. D'après la diplomate onusienne, la plus grande contribution des Nations unies réside dans les idéaux contenus de sa charte et qui mettent résolument, selon elle, l'être humain au centre du développement. "Outre la notion des droits de l'Homme, le 'développement humain' au sens non-économétriste du terme est un concept exclusivement onusien." L'oratrice a rappelé ainsi que l'ONU ne cesse de plaider pour des relations économiques internationales plus équilibrées, pour le maintien de la paix, pour la prévention des conflits, pour l'appui humanitaire... "Il ne faut pas oublier qu'on est parti de deux guerres mondiales." Pour elle, le monde, tel qu'il est aujourd'hui, a besoin de la neutralité, de l'impartialité et de la contribution humanitaire des Nations unies.
En tout cas, heureusement que l'ONU est là pour rappeler à la planète entière que notre univers commun a des problèmes qui ne peuvent être résolus que grâce au dialogue et à la coopération internationale. "Par exemple, les différentes conférences sur l'environnement ainsi que le panel onusien sur le changement climatique s'accordent sur la perspective d'un réchauffement de 2 à 4 degrés dans les 50 ans à venir. Ce ne sont plus des spéculations mais, bel et bien, des tendances !" a-t-elle martelé en précisant que plusieurs pays risquent tout simplement de disparaître avec la montée des eaux et la fonte de la calotte glaciaire. Elle soulignera, en outre, le rôle déterminant de l'ONU notamment lors des conflits et des catastrophes naturelles. "Malgré les risques de sécurité, nous sommes toujours aux premières lignes pour assurer les besoins essentiels des populations et pour apporter l'aide humanitaire." Mais quid de l'Algérie qui est, notons-le, loin d'être un pays pauvre ' "Certes, l'Algérie est un pays à haut revenu et qui dispose d'un assez bon indice de développement humain. Mais votre pays a, néanmoins, des besoins particuliers", a-t-elle expliqué en mettant en exergue le fait que les agences onusiennes apportaient, ici, surtout un "réseau de connaissances, de méthodologies et d'approches sectorielles".
Il ressort presque de son propos que c'est l'ONU qui a besoin de l'Algérie et non l'inverse. "L'Algérie est un pays riche non seulement par ses ressources naturelles abondantes mais aussi par son peuple, son histoire et sa détermination à construire un pays moderne et solidaire avec les autres peuples du monde." Il faut dire que la représentante des Nations unies à Alger n'a pas tari, hier, d'éloges sur la contribution de l'Algérie aux différentes instances onusiennes : "L'Algérie accorde une importance primordiale à l'ONU. En participant activement dans ses organes, l'Algérie fait entendre sa voix à travers ses représentants permanents."
Elle révélera, ainsi, que pas moins de quinze agences onusiennes sont résidentes en Algérie c'est-à-dire disposant d'une représentation. On peut citer le Pnud, l'Unicef, l'UNFPA, le PAM, le BIT, la FAO, l'UNHCR, l'OMS, l'Onudi, l'Onusida, etc. Pour la coordinatrice de ces différentes agences, c'est le gouvernement algérien qui juge de l'opportunité de la présence d'une agence onusienne donnée.
Et de rappeler que l'installation d'un bureau de l'ONU obéit toujours à un accord de coopération établi avec le gouvernement en place. "Dans tous les cas de figure, ce sont les institutions nationales qui décident de la ligne, des choix de souveraineté et du cadre légal que nous respectons, pour notre part. Ainsi, le mandat des Nations unies en Algérie va essentiellement vers des activités opérationnelles de développement." Elle déclinera alors les différentes activités de l'ONU en Algérie, notamment en termes de gouvernance et d'appui aux différents programmes et stratégies sectorielles. Pour elle, il s'agit surtout d'une "confrontation" avec ce qui se passe dans le monde. Et donc pour l'ONU d'apporter des appuis en synergie avec les politiques publiques nationales. Aussi, l'intervention de l'ONU se pratique sur "requête" du gouvernement algérien qui semble s'intéresser notamment, ces dernières années, au renouveau rural, à l'environnement, à la modernisation de la pêche artisanale, à la biodiversité, au tourisme, à la participation des femmes à la vie politique et économique, à la santé maternelle et infantile, à la diversification de l'économie, à la lutte contre la bureaucratie, au développement industriel, à la mise à niveau des entreprises, etc. Notre pays aurait, ainsi, surtout besoin, dans le cas d'espèce, d'une "expérience internationale" même si l'oratrice l'a clamé haut et fort : "Le développement ne s'importe pas, il est endogène !" Elle reconnaît, de cette manière, que c'est par une "politique volontariste" et par des "décisions politiques" que plusieurs pays ont réussi à résoudre nombre de leurs problèmes. Grand sujet d'inquiétude et objet de nombreuses initiatives des pouvoirs publics en Algérie, la "création d'emplois", un euphémisme du mot "chômage" hante aujourd'hui les esprits les plus optimistes.
Même celui de la coordinatrice de l'ONU qui estime, elle aussi, que les pouvoirs ou les entreprises publiques ne peuvent créer, à eux seuls, continuellement de la croissance et donc des emplois. "L'emploi des jeunes est au centre de notre attention. Nous aimerions travailler dans ce sens à 360 degrés !" a-t-elle souligné.
Mme Amaral s'est, par ailleurs, félicité que le Forum des chefs d'entreprise (FCE), principale organisation patronale en Algérie, fasse de la création d'emplois son cheval de bataille. "Pour créer de l'emploi, il ne faut pas seulement de l'argent", a-t-elle précisé, à juste titre. Pour la représentante de l'ONU, il y a comme une nécessité d'impulser en Algérie une "culture de l'entreprenariat" qui semble faire défaut non seulement chez nos jeunes mais aussi chez nos responsables.
Elle estime, donc, à son tour, que c'est vers l'entreprise privée que les efforts des pouvoirs publics doivent converger pour assurer les conditions de sa croissance et in fine, des retombées positives en matière d'emploi. Interrogée, par ailleurs, sur les sujets de l'actualité internationale comme le récent retrait de l'Arabie saoudite du Conseil de sécurité de l'ONU,
Mme Cristina Amaral a refusé de commenter cette décision. "Je ne peux parler au nom de l'Arabie saoudite. Tout ce que je peux dire est que personne n'est imposé au Conseil de sécurité. Au contraire, il y a un processus de candidature et chaque Etat-membre intéressé doit mener alors une campagne pour y siéger." S'agissant, en outre, du récent périple de Christopher Ross dans la région, Mme Amaral a indiqué que l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental s'est illustré par une grande "discrétion". "Et par conséquent, s'il n'a pas fait de déclarations publiques, ce n'est sûrement pas à moi de le faire", s'est-elle borné à répondre à cette question qui est venue rappeler, à l'assistance, qu'il existe encore des peuples qui n'ont toujours pas de nation.
M.-C. L.
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