Mitterrand, une lame pour l’Algérie

François Mitterrand et la guerre d’Algérie Docu de François Malye et Benjamin Stora. France 2, 22 h 50.

Algérie française, de 1954 à 1957. Les trois longues années, terribles, des « événements ». A cette époque, François Mitterrand, figure de la IVe République, est tour à tour ministre de l’Intérieur de Mendès-France, puis ministre de la Justice de Guy Mollet. Si Mitterrand propose, au début, des réformes sociales et juridiques, il reste un partisan de l’Algérie française. François Mitterrand et la guerre d’Algérie prouve son implication dans la répression contre les insurgés algériens, imposée par Mollet face à la détérioration de la situation outre-Méditerrannée. Comme dans leur livre éponyme, le journaliste François Malye et l’historien Benjamin Stora révèlent, documents à l’appui, que pendant les cinq cents jours de son ministère à la Justice, Mitterrand, qui abolira la peine de mort vingt-cinq ans plus tard, transmit la demande de grâce des militants du FLN avec avis négatif dans plus de 80% des cas. Quarante-cinq seront guillotinés.

Sur la forme, le documentaire est plutôt plan-plan, avec une bande-son pompeuse et, souvent, des séquences-prétextes pour pallier le manque d’images. Mais l’intérêt historique du documentaire est indéniable, et la remise en perspective est précise, méthodique. On y voit certaines archives fortes, comme la répression dans les Aurès, les attentats d’Alger ou les ratonnades. Avec ses nombreux témoignages (l’avocate Gisèle Halimi, André Rousselet, ancien chef de cabinet de Mitterrand, Robert Badinter…), le documentaire questionne : pourquoi Mitterrand a-t-il cautionné cette politique du pire et n’a-t-il pas démissionné, comme Mendès- France ? Par ambition, répondent ses biographes. Par « choix politique », affirme Gisèle Halimi. Mais à l’écrivain Jean Lacouture, Mitterrand aurait fait cet aveu : « J’ai commis au moins une faute dans ma vie, celle-là. ».