C'est un retour fort émotif et qui devrait faire date que vient d'effectuer le garde des Sceaux, Mohamed Charfi. Cet ancien ministre de la Justice dans le gouvernement de Ali Benflis annonce d'emblée la couleur : lutter contre la corruption, sans faire dans la chasse aux sorcières. Tout un programme !
Mais, contrairement aux précédentes déclarations de bonnes intentions sur le sujet, le ministre de la Justice semble savoir où il met les pieds. Pour lui, il ne sert à rien de lutter contre la corruption si les personnes censées faire ce travail ne sont pas à l'abri du fléau.
Il faudrait avoir le courage de le dire, et M. Charfi l'a fait. Le secteur de la justice n'a pas résisté aux tentations de l'argent. Même si le garde des Sceaux refuse de généraliser et précise que des magistrats intègres existent, il n'omet pas de lancer un ultime avertissement aux corrompus de son secteur : ils ne peuvent plus défier la loi. C'est ce qu'on appelle balayer devant sa porte.
Le discours, à la fois menaçant et rassurant, empreint d'une grande sincérité et d'une forte émotion, était adressé aux magistrats, à l'ouverture des travaux du Conseil supérieur de la magistrature. C'est rare de voir un ministre tenir un tel discours, avec les cadres de son département, quelques jours seulement après son installation.
Il est vrai que le ministre de la Justice refuse de parler de campagne, comme ce fut le cas par le passé, tout comme il refuse de faire dans la chasse aux sorcières, comme ce fut, aussi, le cas par le passé, mais il est vrai aussi que sa mission, au-delà de sa sincérité et de la marge de man'uvre dont il disposerait, s'annonce périlleuse.
La corruption a gangrené toutes les institutions et s'est installée durablement dans la culture de la société algérienne. La lutte contre ce fléau nécessite, pas seulement du temps, mais un travail profond de pédagogie.
Les Algériens ne croient ni aux discours ni aux lois qui sortent toutes les saisons. Ils veulent croire à un réel changement, à travers des actes concrets. Mais, en matière de lutte contre la corruption, ce n'est pas en exhibant quelques lampistes devant les tribunaux que l'on fera comprendre au reste que l'Etat est décidé, cette fois-ci, sérieusement, à lutter contre ce fléau, sans hésitation et sans distinction entre grands et petits dans le monde de la corruption.
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Posté Le : 17/09/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Azzeddine Bensouiah
Source : www.liberte-algerie.com