Algérie

Mission du FMI à Alger: La «contrainte» des 51%, les IDE et l'informel



La disposition obligeant les investisseurs à ouvrir leur capital aux nationaux à hauteur de 51% devrait être revue à la baisse.

C'est ce que suggère le FMI par la voix du chef de la mission qu'il a envoyée en Algérie du 21 octobre au 3 novembre dernier. Une mission menée dans le cadre des consultations annuelles au titre de l'article 4 des statuts de l'institution de Breton Wood et dont le rapport sera discuté par son Conseil d'administration début 2010.

 Appelé, en effet, à apprécier les dispositions de la LFC 2009, ce chef de la division département Moyen-Orient et Asie Centrale, Joël Toujas-Bernaté, a ainsi estimé entre autre que «certaines affectent le climat des affaires, avec notamment la contrainte des 51% imposée aux investisseurs étrangers». Pour lui, «c'est une décision qui ne semble pas aller dans le bon sens et n'est pas répandue à travers le monde». Il précise que «les autorités algériennes nous ont expliqué que c'est une mesure qui profite au mieux aux IDE et est en ligne avec les stratégies de développement nationales parce qu'elle permet d'avoir les retombées des dividendes et le savoir-faire».

 Les responsables algériens la justifient ainsi par le fait qu'avant, des investisseurs étrangers n'ont pas fait profiter le pays de ces retombées et du transfert de leur savoir-faire. Mais, souligne le chef de la mission du FMI, « même si les investisseurs étrangers gardent la gestion de leur investissement et ont latitude pour négocier les partenariats, la mesure pose problème». Parce que, dit-il, «il n'est pas clair que les opérateurs privés soient en mesure de participer à 51%, même s'ils se mettent à plusieurs. Il faudrait alors faire appel au partenariat public qui n'est pas toujours le partenaire naturel pour les investisseurs étrangers».

 La décision d'obliger à l'augmentation du capital des banques privées est, cependant, bien vue puisque, dit-il, «c'est une base plus élargie pour que ces banques contribuent au financement de l'économie». Ceci étant dit, le conférencier estime qu'il est «trop tôt pour voir les effets de la LFC - s'il y en a - sur l'économie algérienne : ils ne seraient perceptibles qu'à moyen ou long termes. On n'est pas en mesure d'apporter un jugement sur ces mesures. Mais il faudrait suivre de près pour voir si ça demande des améliorations ou des changements».

 Ses prévisions de croissance pour 2010, « +2,5% de croissance hydrocarbures pour un prix du baril qu'on prévoit à 76 dollars, bien meilleure que celles des années passées, où en 2009 elle a été entre -6 et -7% à cause de la baisse de la demande mondiale et d'un problème technique lié à l'endommagement du gazoduc Algérie- Italie». «Celle hors hydrocarbures, de 9% en 2009, elle va se ralentir pour s'établir entre 5 et 6%. Ce qui donne l'année prochaine une croissance globale du PIB entre 4 et 5%».

 Autre inconvénient, le taux de chômage des jeunes, qu'il estime à 25%. Un taux, dit-il, «qui reste élevé et qui n'a pas beaucoup varié durant les deux dernières années. Il est préoccupant et appelle à des stratégies du secteur privé hors hydrocarbures». On s'attend, ajoute-t-il par ailleurs, «à un léger surplus au niveau de la balance courante».

 En réponse à l'éventuel achat d'obligations du FMI par l'Algérie, le chef de la mission indique que « la décision revient aux autorités algériennes. Elle serait tout à fait envisageable, la situation confortable de ses réserves de change (146 milliards de dollars à fin septembre) lui permet de diversifier leur utilisation». Ceci, rappelle-t-il, «parce que le FMI a un fort besoin d'augmenter ses ressources jusqu'à 750 milliards de dollars. Il pourra le faire par une diversification de financement à laquelle plusieurs pays souhaiteraient contribuer».

 La recommandation du FMI pour freiner les dépenses publiques est justifiée par le fait, explique-t-il, «qu'il y a toujours des risques de gaspillage qui appellent à des contrôles plus stricts. Il y a eu un contrôle au niveau du budget de fonctionnement par le ministère des Finances. Le programme d'investissements publics a aussi été contrôlé par l'Agence nationale de l'économie et du développement (CNED). Pour celui de 2010-2014, elle pourra contribuer à toutes les étapes, à la maturation des projets, leur suivi et leur évaluation. C'est un mécanisme très important et très positif pour s'assurer que les dépenses atteignent les objectifs fixés».

 Il refusera d'évaluer ce nouveau programme quinquennal parce que, note-t-il, «il est prématuré et difficile de le faire puisqu'il n'a pas été bien défini et dans le détail. Il n'y a pas encore eu de décisions pour ce qui est des secteurs prioritaires». Le plus important pour le FMI, précise-t-il, est «qu'il ait plus d'impact sur les équilibres macroéconomiques». Il estime qu'il y a «une attitude très prudente des autorités algériennes qui est totalement appropriée».

 Interrogé sur l'impact du change parallèle sur l'économie nationale, le représentant du FMI a répondu qu'«il est très difficile d'appréhender ce qui passe par le circuit parallèle (...). Dans tous les pays du monde, il y a toujours des transactions qui se font en dehors des circuits légaux. Mais l'Algérie tente d'assainir par exemple par l'imposition du crédit documentaire qui permet d'établir toutes les informations».

 Réformer la gouvernance du FMI signifie à ses yeux «donner une voix plus importante pour les économies en développement et celles émergentes». C'est donc le consensus de Washington qui doit être, selon lui, «un petit peu amendé». Il en est sorti un consensus au sein du G20 «qui est un progrès très important» pour donner, indique-t-il, «à l'horizon 2011 un apport plus important aux économies les plus dynamiques, à savoir celles de la Chine, de l'Inde et du Brésil».




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