Algérie

Mission accomplie Commentaire



Mission accomplie Commentaire
Le 19 mars 1962, date où le cessez-le-feu entra en vigueur, à midi pile, à travers toute la terre d'Algérie martyrisée, mérite bien d'être célébré comme une fête de la Victoire. a veille de ce jour, furent signés et annoncés par le général de Gaulle les accords d'Evian. Ils mirent aussitôt un terme à un conflit éprouvant pour les Algériens. Les souffrances prirent fin et un souffle de soulagement parcourut le pays d'un extrême à l'autre. Mais il s'agissait aussi de la résurrection d'une nation après la longue nuit coloniale, pour reprendre la juste expression de Ferhat Abbas. La date est enfin le premier pas de reprise du destin national comme si subitement à la veille du printemps, les fleurs de l'espoir allaient éclore. Les Algériens avaient accueilli la fin de la guerre avec joie et appréhension. Le cauchemar était certes fini et les pleurs allaient se tarir. Des milliers de prisonniers furent aussitôt libérés, des paysans chassés de leurs mechtas, de leurs terres reprirent le chemin du retour. Mais le déchaînement des fous de l'OAS, qui mirent aussitôt leurs menaces à exécution, a, durant quelques interminables mois, assombri l'horizon. Le 19 mars n'est surtout en rien une victoire usurpée. Le prix de la liberté fut exorbitant. Un million et demi de martyrs, souvent à la fleur de l'âge, ont été fauchés, laissant derrière eux des veuves et des orphelins. Plus d'un demi-siècle plus tard, les plaies de certaines victimes de tortures ne sont pas encore refermées. Ce combat, relayé de génération en génération, a pourtant abouti. Les négociateurs d'Evian n'ont pas transigé sur les principes fondamentaux qui ont constitué les revendications du FLN dès novembre 54. On n'a renoncé ni au Sahara ni à l'unité du peuple algérien, et toutes les man'uvres visant à saper la solidité du front interne ont échoué. Le MNA n'a pas eu voix au chapitre et la carte pied-noirs dont on a voulu faire un cheval de Troie dans l'Algérie indépendante s'est avérée une illusion. Redha Malek, un de ceux qui y prirent part, en sa qualité de porte-parole de la délégation algérienne, a le mérite, dans ses écrits, de relater, dans le menu détail, le processus de négociations. Il a aussi raison de souligner, sans jamais se lasser, que nos parents ont accompli une 'uvre colossale dont devrait fière la nouvelle génération. Celle qui ignore, parce qu'elle n'a pas vécu ces affres et abjectes discriminations, la colonisation. Depuis quelques années, les Algériens renouent grâce à une floraison de livres, de films, avec leur histoire souvent méconnue. Ils redécouvrent des itinéraires, des épisodes escamotés. Le 19 mars n'a pas encore bénéficié d'une grande attention. Certes, avec son livre « Mission accomplie », Saâd Dahleb, qui était dans la délégation des négociateurs, a apporté aussi un témoignage précieux. Le 19 mars a pourtant été un tournant, une date où furent semés les germes de l'Algérie indépendante. En ce jour, l'espoir fou des uns côtoyait les calculs des autres. Un film, comme « Les folles années du twist » de Mahmoud Zemmouri, raconte avec dérision comment se mirent en place les rouages de l'opportunisme. C'est en ce mois que les contours de l'Algérie commencèrent à se dessiner. Le 19 mars ne fit pas taire seulement le fracas des armes...


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