Algérie

Misères africaines



Misères africaines
L'Afrique sombre dans la violence et le sous-développement. Dictature, corruption, pillage systématique des ressources, coups de force, instabilité institutionnelle, atteintes aux droits fondamentaux de la personne humaine sont des tares partagées par la majorité des régimes qui s'étaient substitués, il y a un demi-siècle, au colonialisme esclavagiste. Alors que les autres régions du monde réalisent des progrès dans tous les domaines, le continent Noir s'enfonce paradoxalement dans l'anarchie et la misère. Conflits frontaliers, mutineries internes, coups d'Etat, ethnocides, aliénation de toutes sortes rongent ce continent, pourtant si riche et si généreux. Depuis la décolonisation des années 1960, les pays africains ont adoptés divers plans de développement qui se sont tous soldés par des échecs patents. Du temps de l'OUA (Organisation de l'unité africaine), diverses stratégies, élaborées par les Africains eux-mêmes ou dictées par l'ONU et ses démembrements, ont avortées. Parmi les principales initiatives, on rappellera la stratégie d'Ujama sur l'autosuffisance (1960), celle des besoins fondamentaux mettant l'homme au centre de la problématique du développement (1973), le plan de Lagos (1980) et la charte africaine d'Arusha pour la participation populaire au développement (1991). Tous ces projets sont restés infructueux, puisque, selon l'ONU, «plus de 265 millions d'Africains souffrent aujourd'hui même de famine et de malnutrition». Au début des années 2000, les dirigeants africains, après maintes consultations, décident de lancer le Nepad, le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique. Dans le même sillage, l'OUA devient l'Union Africaine (UA), imitant un peu le modèle solidaire européen. Doté d'un programme ambitieux dont les objectifs principaux portent sur la paix et la sécurité, la stabilité politique et institutionnelle, la bonne gouvernance, l'intégration économique, les infrastructures, l'agriculture et l'accès aux marchés, le Nepad avait tout le nécessaire pour séduire. Afin de garantir le succès de l'initiative, les membres de l'UA mettent en place des mécanismes exécutifs et de suivi dont le Conseil de sécurité et le Mécanisme d'évaluation par les pairs (Maep). Le rôle initial de ces deux organes est de veiller de près au respect des règles démocratiques et des normes de bonne gouvernance. A ce titre, tous les pays membres se sont engagés à ne plus reconnaître les régimes issus de putschs militaires ou d'élections truquées. Dans de tels cas, toutes les pressions possibles seraient exercées pour le rétablissement de la légalité constitutionnelle dans les plus brefs délais. Dotée d'une force d'intermédiation, le Conseil de sécurité africain ambitionnait d'intercéder en cas de conflit militarisé. Le Nepad est salué de partout. Mais les interventions directes de grandes puissances étrangères (France, Grande-Bretagne, Etats-Unis), mues par leurs propres intérêts, dans les affaires africaines ne tarderont pas à créer le doute. Les coups d'Etats, militaires ou civils, (Mali, Centre-Afrique, Guinée-Bissau, Guinée-Conakry, Madagascar, Côte d'Ivoire, Libye'), les mouvements de scission et les guerres civiles latentes (Sahel, Soudan, Somalie, Congo, Sénégal, Nigeria') reprennent de plus belle. Malgré les condamnations verbales et les menaces de sanctions, la voix de l'UA reste curieusement inaudible dans toutes ces situations. Les grandes puissances se saisissent souvent de la man'uvre à travers l'Assemblée générale de l'ONU et de son Conseil de sécurité, ou en agissant de façon unilatérale, pour imposer leurs visions à l'Afrique et aux Africains. Faute de sociétés civiles dynamiques et conscientes des défis de l'heure, les pays africains restent majoritairement vulnérables et assujettis aux manipulations extérieures. Dix ans après sa mise en 'uvre, le Nepad, comme toutes les entreprises qui l'ont précédé, est entrain d'échouer. Les élites et les peuples d'Afrique évoluent toujours en marge de l'Histoire. Les dirigeants, souvent autoproclamés, ne sont en vérité que des pantins et des faire-valoir au service de leurs mentors occidentaux. Infantilisée, l'Afrique n'est pas assez mâture pour prendre, seule, sa destinée en main.
K. A.


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