Algérie

Mise en garde



Formule choc de M. Vladimir Poutine, qui avertit l'Occident que le nouveau président russe, Medvedev, ne sera pas moins nationaliste que lui: l'OTAN cherche à remplacer l'ONU et cela accroît un potentiel de conflit. Bien entendu, le président russe continue d'être irrité par la politique active d'élargissement de l'OTAN aux frontières au projet américain de déployer des éléments d'un bouclier antimissile à ses portes. Il refroidit les Occidentaux qui attendent que Medvedev, après avoir critiqué son élection à la présidence, leur donne des signaux favorables. Ce sera un libéral, peut-être, mais un nationaliste sûrement, a-t-il indiqué. Et ce nationalisme est entièrement travaillé par la perception, pas tout à fait fausse, d'une politique occidentale d'encerclement de la Russie afin de l'empêcher de restaurer son statut de puissance. La même démarche est d'ailleurs déployée par les Occidentaux à l'égard de la Chine, placée dans le statut d'ennemi futur, si ce n'est déjà présent. Mais si le constat de Vladimir Poutine se fonde sur une perception des intérêts stratégiques de la Russie - et l'affaire de l'indépendance du Kosovo a été un motif supplémentaire de colère -, il n'en est pas moins un constat pertinent sur l'évolution de la situation internationale. Depuis la guerre illégale et meurtrière contre l'Irak, le droit international - référence par excellence de la «communauté internationale» - est bafoué allègrement. Il n'est plus une norme mais un instrument à application variable. La notion de «communauté internationale» connaît, sous l'effet de l'unilatéralisme américain et du suivisme européen, un vertigineux glissement. Les Occidentaux ne se pensent pas comme une partie de la communauté internationale, mais comme la communauté internationale. Une sorte de remake moderne de la vieille histoire des «civilisés» et des «barbares» fondée sur le rapport de force. «Nous sommes les plus forts, donc nous sommes la communauté internationale», c'est cela le message. C'est cette «communauté internationale» qui s'indigne de l'attentat mené par un Palestinien contre une école talmudique et qui justifie, quitte à regretter les «excès», les massacres contre les habitants de Gaza. Ce n'est pas la «même chose», nous dit la «communauté internationale». Oui, ce n'est pas la même chose, les Palestiniens ne sont peut-être pas tout à fait humains puisqu'ils n'ont pas des avions et des chars... Ils ont juste les couffins de Ben M'hidi. Etre considéré comme un humain dépend en définitive d'un rapport de force qui est défavorable aux Palestiniens... A la différence des Palestiniens et de nombreux peuples non membres de la «communauté internationale», la Russie a les moyens de jouer les rapports de force. M. Poutine le fait savoir. Si l'OTAN veut prendre la place de l'ONU et régenter le monde, cela ne se fera pas sans casse. «Il est peu probable que l'humanité accepte une telle architecture des futures relations internationales et je pense que le potentiel de conflit va s'accroître». C'est plus qu'un constat, c'est une mise en garde.


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