De notre correspondant à Constantine
A. Lemili
La pluie qui est tombée au cours du week-end dernier a, encore une fois, mis à nu les tares inhérentes à la protection de la ville de Constantine, ses cités, ses routes et une partie des autres communes comme elle a permis de dévoiler l'inaptitude ou l'incapacité de son réseau d'assainissement d'évacuer un tant soit peu les eaux autres que celles découlant de l'usage domestique habituel. Par voie de conséquence, tout ce qui pourrait tomber du ciel a pour nature de poser problème aux responsables locaux mais également le mérite de démontrer leur inaptitude à gérer, prévoir et anticiper sur les éventuels aléas, résultat d'une modification du microclimat.
C'est ce qui s'est passé récemment, mettant légitimement en rogne habitants et usagers de la route compte tenu des déferlantes d'eau sur une majeure partie du territoire de la wilaya. Si les habitants ont pris pour habitude de dénoncer le laxisme et l'incurie des responsables quant aux déboires vécus pendant et a posteriori des turbulences météorologiques, le vice-président d'une commune qui a demandé à garder l'anonymat évoquera «une justice immanente qui vient éventer le pot aux roses des projets attribués complaisamment et en infraction des codes du marché, des travaux engagés avant la délivrance des ODS, l'absence d'étude préalable, des connivences entre la direction technique des communes et des entrepreneurs privés. Autrement dit, tous les trafics institutionnalisés».Une tournée effectuée à hauteur de la commune de Constantine, Benbadis (El Aria) et El Khroub, matérialise, on ne peut mieux, ces propos. Routes gorgées d'eau, jonchées d'objets hétéroclites contraignant les automobilistes à slalomer au risque d'embardées pour les éviter, avaloirs hermétiques, bouches d'égout dégurgitant la masse d'eau trop importante par rapport à leur dimensionnement ou parce qu'elles sont bouchées, ont fait qu'à hauteur des trois communes évoquées, la circulation a été paralysée en de nombreux endroits.«La main de l'homme est pour beaucoup dans les avatars constatés», nous dira M. Zvonko, responsable de la direction de l'exploitation de la Seaco, lequel, accompagné, dès les premières chutes de pluie, d'équipes spécialisées, s'est rendu sur ce que la cartographie établie en ce sens par ses services qualifie de points noirs. Des cibles qui ont effectivement justifié leur réputation compte tenu des dommages constatés sur place et surtout des dysfonctionnements installés et, par voie de conséquence, des désagréments auxquels ont fait face les habitants. La main de l'homme, en ce sens que nombreuses sont les personnes qui ne s'empêchent pas, pour des raisons qui leur sont forcément avantageuses, de sous-dimensionner selon divers moyens des conduites importantes, réduisant ainsi l'écoulement naturel des eaux. La situation échappe alors à tout contrôle s'il y a un surplus d'eau dû à une pluviosité exceptionnelle comme celle de samedi passé. Entre 22 et 33 mm d'eau.«Nous avons constaté qu'à hauteur de certaines parties de la ville du Khroub, la responsabilité est imputable aux services communaux qui, pour permettre à une entreprise privée de travailler sur l'aménagement du nouveau collecteur, ont obstrué certains avaloirs», dira un cadre technique faisant la tournée avec M. Zvonko. Sauf que les travaux s'éternisent. Pis, pour faire illusion en matière d'avancement des travaux, les responsables de cette entreprise font ouvrir tous azimuts des tranchées à travers les différentes cités. «Nous avons fait un rapport en ce sens à l'APC», soulignera à ce sujet notre interlocuteur.Vraisemblablement, les responsables communaux ne l'ont pas lu. C'est d'ailleurs l'un des reproches qui leur a été fait par le directeur technique de l'APC dans une récente conférence de presse rapportée par la Tribune. Et dans ce cas de figure, tout le monde se renvoie la balle, les langues se déliant néanmoins après ladite conférence de presse pour souligner que «tout ne fonctionnait pas dans l'orthodoxie dans cette commune (El Khroub), les ordres de service (ODS) sont attribués sans concertation, avec pour conséquence la possibilité de privilégier une entreprise par rapport à une autre», soulignera d'ailleurs un membre de la commission chargée de tirer au clair le déballage d'informations fait par l'ancien directeur technique.Quoi qu'il en soit, au cours des évènements du week-end dernier, les élus ont brillé par leur absence. Seuls les agents de la Seaco étaient au front à trouver des solutions aux difficultés rencontrées par les habitants. En conclusion, M. Zvonko considère «que le plus grave a été évité. Les trémies étant parmi les points noirs. Heureusement que malgré la quantité exceptionnelle d'eau enregistrée, l'écoulement s'est fait sans problème». Il n'en demeure pas moins qu'il y a urgence à trouver solution.
Posté Le : 01/11/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A L
Source : www.latribune-online.com