Mise à l'écart

Un Premier ministre à Béjaïa, les Bougiotes n'en reviennent pas. Le dernier responsable de ce rang à avoir foulé la terre de cette région du savoir et de l'entreprenariat remonte à 1995. Soit dix-huit ans d'ostracisme. Mais mieux vaut tard que jamais semble être la philosophie de ses habitants ouverts sur la mer, donc sur la modernité et le savoir compter sur soi. Hospitaliers comme de coutume, ils ont reçu à bras ouverts le Premier ministre qui a eu le courage de se rendre en ami chez eux.
Cette région de la Kabylie, qui a été oubliée dans les plans du programme présidentiel, a pu se développer, hors programmes spéciaux sous couvert de manifestations événementielles, grâce à l'esprit d'initiative de ses citoyens qui se sont pris en charge, à la force des bras. La majorité des entreprises de production sont de statut privé et ce dernier est le plus grand créateur d'emplois et de richesses dans la région. Et pourtant, cette wilaya, qui ne manque pas d'atouts et de richesses, qui possède le deuxième port du pays en trafic et le premier en conteneurs, qui se classe cinquième dans le paiement de la fiscalité locale, qui demeure le pôle d'attraction en matière de tourisme local, qui possède des entreprises exportatrices, ne figure pas dans la nomenclature des sept pôles devant porter la stratégie industrielle, élaborée par l'ancien ministre Temmar. Et comment expliquer que cette ville portuaire n'ait pas eu, en priorité, une voie rapide, elle qui dessert les villes avoisinantes. Faire cent kilomètres en trois heures minimum relève du non-sens, sinon d'une condamnation préméditée à une mort lente '
Cette mise à l'écart de cette région et d'autres encore au profit de celles qui ont la cote auprès du grand décideur laisse comme un relent de parti pris. Mais n'a influé en rien sur la visite de Sellal qui a tenu un discours cohérent et fait montre d'un sens de l'équité entre les régions qui composent ce même et unique pays et dont chacune a payé un lourd tribut pour sa libération. La réconciliation commence par aller vers l'autre et le Premier ministre a fait le premier pas, brisé la glace et a trouvé en face de lui sagesse et amour du pays.
Pour peu que cette visite soit suivie par d'autres dans ces wilayas sinistrées, comme Tizi Ouzou, M'sila, Guelma, Khenchela, Djelfa, Batna et bien d'autres. On pourra alors croire, enfin, en une certaine cohérence dans la répartition des chances dédiées au développement. Dans le cas contraire, beaucoup penseront que c'est le début d'une campagne électorale qui s'annonce avec ses gros sabots. Ce dont nous doutons pour le bien de ce pays.
O A
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