Les légendaires ressemblances entre Alger et Marseille se fondent sur quelques réalités avérées : la présence de la Méditerranée (visible mais non accessible à Alger !), des coïncidences de site, comme les collines et leurs pentes, des affinités architecturales et même d’architectes (les œuvres de Pouillon, l’empreinte du Corbusier), un certain esprit vif et gouailleur, etc. On a même droit régulièrement à la blague sur la « 49e wilaya d’Algérie» accolée à Marseille dont on ne retient que le Cours Belzunce et ses dépendances. Cela dit, oui, si l’on ne tombe pas dans la carte postale, Marseille et Alger ont beaucoup en commun, comme deux vieilles voisines d’un palier qui serait la Méditerranée.
Mais c’est par une autre entrée que s’engouffre l’exposition d’art contemporain, organisée par l’association Rivages, en prenant ces deux villes comme deux cités anciennes, confrontées depuis longtemps à la modernité et aujourd’hui à la mondialisation, immeubles, rues, places, équipements et surtout populations se trouvant confrontés à la «mutation», vaste mot qui désigne la certitude d’être dépassé et l’incertitude du dépassement. Certains pensent qu’il s’agit d’une affaire de spécialistes. Oui, bien sûr. Mais, en la matière, le regard des artistes est loin d’être inutile, car il apporte une dimension subjective sans laquelle aucune ville n’existerait, à moins de la limiter à des matériaux, des agencements et autres accessoires. En choisissant «de croiser les approches de plasticiens, d’écrivains, de vidéastes, de créateurs sonores algériens et français sur leurs deux villes», l’association Rivages, animée par Akila Mouhoubi et Mustapha Goudjil, se propose d’interroger les glissements du temps, souvent imperceptibles.
Ainsi, affirment-ils : «On ne les voit pas changer nos villes, celles que nous habitons au quotidien. (…) Il suffit d’une absence : semaines, mois, année... et l’étrangeté s’installe lors du retour, lors des retrouvailles pourrait-on dire». L’étrangeté en des lieux familiers, voilà bien un thème d’artiste qui a été confié ici à de jeunes créateurs. Sur le quai d’Alger : Rachida Azdaou, Hocine Ilès, Kahina Mohamed Oussaïd et Amina Zoubir. Sur le quai de Marseille : Hadrien Bels, Loïse Bulot, André Fortino, Laurent Thivole. Pour Nadira Laggoune, coordinatrice du projet à Alger, il s’agissait de capter «un feeling, c’est-à-dire le sentiment que l’on a de quelque chose, le ressenti, car la ville est cet amalgame de sensations sonores, d’odeurs, parfums, couleurs, formes, volumes et rythmes…». A quand le match retour à Alger '
- Expo du 5 au 13 nov. 2010. La Friche du Panier, 96 H, rue de l’Evêché, Marseille. Vernissage le 4, en présence des artistes.
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Posté Le : 30/10/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : S. Brada
Source : www.elwatan.com