Mirages, réalité et mutation

Un Séminaire international sur la présence littéraire et poétique du Sahara s'est tenu les 7 et 8 décembre au théâtre de plein air de Ouargla.Si les natifs du désert ne prennent plus les choses avec la philosophie légendaire qu'on leur attribue, s'engageant depuis peu dans la contestation sociale et refusant que leur désert reste la terre des mirages, de la souffrance et du désespoir, décrite par les grands écrivains et poètes, les spécialistes présents à Ouargla ont eux su dire une chose : «L'expérience du désert est unique et indélébile. Elle pousse à s'interroger sur l'existence, sur le sens de la vie et allie cruellement beauté et rudesse.» Les deux camps se rejoignent somme toute pour ce qui est du désir de comprendre et de changer les choses !Au pays des sablesTenue les 7 et 8 décembre au théâtre de plein air de Ouargla, la rencontre internationale sur le Sahara dans la littérature et la poésie a été pour beaucoup de spectateurs une vraie découverte. Celle de la représentation littéraire et poétique de ce désert aussi rude que beau en tant que source de méditation et d'inspiration. Celle de son aura universelle, commune à ses habitants résidants ou passagers pour lesquels il constitue une révélation de soi.Et il y a là matière à développer une fierté territoriale, saine pour aller de l'avant. Plus d'une vingtaine de spécialistes venus de plusieurs pays voisins se sont succédé sous le chapiteau dressé au c?ur du théâtre de Verdure. Ils parlent d'un espace que les gens connaissent pour y vivre au quotidien avec ses aléas et ses bons côtés, un espace dont la rudesse prend souvent des formes insoutenables, naturelles ou imposées par l'absence d'une adéquation entre les transformations modernes et la nature même du lieu.Mais les universitaires présents à Ouargla, le temps d'une rencontre scientifique et littéraire, ont posé le Sahara dans son élément essentiel, à savoir l'espace géographique qui déteint sur ses habitants et ses amoureux, un espace mythique qui prend forme dans les écrits des auteurs et poète.Et ils sont nombreux à avoir donné à ce lieu de chimères et d'inspiration dans les récits de Charles de Foucauld, d'André Gide, d'Isabelle Eberhardt, d'Antoine de Saint-Exupéry, mais aussi de nombreux auteurs issus du Sahara comme Ghazi Quosseibi, Benguitoune, le poète qui a aimé Hizia, Brahim El Kouni, Belkacem Saâdallah, Abdelkader Sayhi et bien d'autres poètes du melhoune et du classique, habitant et habités par le désert du Sahara.GéopoétiqueIl s'agit donc de représentation poétique et géographique du désert du Sahara tant dans la littérature coloniale que celle autochtone. Et elle se révèle féconde et profonde dans cette aire dominée par les vents, le minéral, la sécheresse, le dénuement, la chaleur, la lumière et? l'inspiration. Le Sahara est si contradictoire qu'il en devient source d'éblouissement et de rêve. Se confondre avec cet espace sans limites, où l'horizon permet toutes les idées, les plus folles, les plus saugrenues, ou la privation inspire la sagesse, la patience à l'infini. N'être qu'un grain de sable dans ces dunes immenses de l'erg et du reg.C'est de tout cela et plus que ces universitaires ont parlé, avec passion et lucidité à la fois. Le rêve d'une vie, l'?uvre d'un auteur, d'auteurs dont le facteur commun n'est autre que la fascination qui transforme le regard, la conception même de l'espace et de la vie. A retenir que l'adaptation au Sahara est longue mais semble irréversible tant la transformation physique et mentale opère des changements profonds et indélébiles.