Algérie - Revue de Presse

Mirage d'une démocratie participative



Dans ses discours d'orientation prononcés lors desinstallations des walis dans leurs nouvelles fonctions, le ministre del'Intérieur et des Collectivités locales, M. NourredineYazid Zerhouni, réaffirmeavec insistance que les pouvoirs publics ont pour option le passage au niveaulocal de la démocratie représentative à une démocratie participative. Cettetransition est, selon lui, indispensable pour arriver à une gestiontransparente des affaires de la cité.Venant du premier responsable du département ministérieldont l'action se distingue surtout par l'étouffement des maigres «acquisdémocratiques» auxquels se raccrochent la société et les citoyens, l'affirmationlaisse plus que dubitatif. La démocratie participative que Zerhouniprétend voir s'instaurer suppose en effet l'existence de droits et libertésaccordés aux citoyens leur permettant de s'impliquer dans la gestion de leurscités, tant dans sa définition que dans le contrôle de son application, maisque les pouvoirs publics ont de tout temps refusé de leur concéder.L'on voudrait croire que les autorités de l'Etat ont tiréenseignement des émeutes qui ont secoué diverses régions du pays et qu'ellesont compris que les citoyens veulent être considérés comme tels et non plusseulement comme des administrés exclus de tout droit de regard et decontestation sur les décisions ayant des conséquences sur leurs conditions devie. Si la démocratie représentative est si lamentablement caricaturale cheznous, il faut en imputer la responsabilité première à la façon éhontée dontl'Etat a dévoyé l'expression et le fonctionnement. Il n'est pas de la nature denotre système politique actuel d'aller à un mode de fonctionnement et degouvernance démocratique, encore moins vers une démocratie participative où lecitoyen aurait à connaître et à dire son mot sur les affaires de son pays ou desa cité.Zerhouni n'a pas eu tort de s'interroger pour savoir où étaientpassées la «société civile» et ses associations quand les émeutes se sontproduites dans certaines villes et localités du pays. Il a raison de faire leconstat de leurs carences et discrédit. Sauf que l'interrogation et le constatauraient dû s'accompagner de la reconnaissance que l'on ne crée pas «administrativement» une société civile. Ce queprécisément les autorités ont voulu faire en pratiquant de manière sélective lalégalisation des associations censées être des représentations citoyennes. Aufinal, en lieu et place d'une «société civile» consciente et responsableoeuvrant pour la promotion de la citoyenneté, l'on a un tissu de clientèlesopportunistes coupé des citoyens.N'en déplaise au ministre de l'Intérieur, son affirmationsur la volonté des pouvoirs publics à vouloir favoriser la mise en place d'unedémocratie participative au plan local, n'est pas crédible, car ce principe estantinomique de celui qui fonde les pouvoirs autocratiques et autoritaires. Cequ'est précisément le pouvoir en place dans notre pays.


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