Algérie

Ministère des Finances : Le nombre des détournements inquiète



Le directeur général de la comptabilité au ministère des Finances, M. Mohamed Djahdou, a estimé hier que la situation est préoccupante en ce qui concerne le nombre de détournements de deniers publics recensés ces derniers temps à travers le territoire national.

«Ce n'est pas tant le montant du préjudice (qui n'est pas important selon lui) qui nous préoccupe mais le nombre élevé des détournements», a-t-il déclaré hier au cours d'une conférence de presse, programmée initialement pour présenter son secteur qui fait l'objet de réformes engagées par le ministère des Finances pour sa modernisation. Même si le directeur général n'a pas voulu donner de chiffres sur le montant de ces détournements, il n'en demeure pas moins que les autorités semblent prendre très au sérieux ce «phénomène» d'autant plus que très souvent les auteurs sont des fonctionnaires de l'Etat qui exercent à l'intérieur de différentes institutions. C'est peut-être pour lutter contre cela qu'une «plate-forme de supervision» a été installée récemment par Algérie Telecom au ministère des Finances pour «sécuriser» le service Intranet du Trésor.

La multiplication des opérations de contrôle, souligne le directeur général de la comptabilité, entre également dans le cadre des réformes lancées par le ministère des Finances. M. Djahdou a affirmé hier que son département, qui constitue, faut-il le souligner, l'un des maillons forts du ministère des Finances, rend compte régulièrement au ministre sur l'état d'avancement des réformes. Il faut savoir que l'une des missions principales de la direction générale de la comptabilité réside dans le contrôle des dépenses publiques prévues dans les différentes lois de finances.

Le conférencier a indiqué hier que les réformes engagées s'articulent autour de trois principaux points. Il s'agit, dit-il, de «la modernisation du traitement de paiement (banques)», «la restructuration de la dépense publique» et enfin le troisième point concerne la réforme «du système financier et comptable de l'Etat».

Par ailleurs, M. Mohamed Djahdou a fait savoir que l'objectif recherché par la réforme de la comptabilité de l'Etat réside dans le passage progressif d'une comptabilité de caisse à une comptabilité de type patrimonial ainsi que l'amélioration de la description des opérations comptables et la production de synthèses comptables plus lisibles et mieux adaptées aux besoins d'informations des utilisateurs et des décideurs. Ainsi, prévoit-on, ce nouveau plan comptable doit intégrer les normes internationales en matière d'enregistrement, d'évaluation, de présentation et de publication des comptes.

Il faut rappeler que dans le cadre de la préparation de la mise en oeuvre du nouveau système comptable, une loi a été promulguée en novembre 2007 et son entrée en vigueur est prévue le 1er janvier 2009 en sachant que l'ancien plan comptable a plus de 33 ans d'âge. En outre, concernant les professions d'expert-comptable, de commissaire aux comptes et de comptable agréé dont l'organisation et le fonctionnement, estime-t-on à la direction générale de la comptabilité, avaient besoin d'être revus après une expérience de 17 années qui a révélé des «insuffisances préjudiciables à la profession», un projet de révision a été endossé par le gouvernement l'année dernière et devrait être déposé au parlement dès son adoption en Conseil des ministres.

D'après M. Djahdou, le projet de loi contient quatre principales mesures dont notamment la structuration des catégories professionnelles dans trois ordres différents à savoir: un ordre des experts-comptables, une chambre nationale des commissaires aux comptes ainsi qu'une organisation nationale des comptables agréés. Le projet de loi donne droit à l'Etat d'exercer un contrôle sur ces trois instances professionnelles et ce par le biais du ministère des Finances qui détient également les prérogatives de délivrer les autorisations d'exercice. Tout comme l'Etat se réserve pareillement le droit d'instituer un contrôle de la qualité professionnelle et technique des travaux ainsi que la prise en charge de la formation des professionnels par des instituts de formation spécialisés qui seront créés conjointement avec le ministère de l'Enseignement supérieur qui en assurera la tutelle pédagogique.

«Nous sommes arrivés à une phase dynamique de la modernisation des services de l'Etat», s'est félicité hier le directeur général de la comptabilité en soulignant que cela entre dans le cadre de la feuille de route tracée par le ministère des Finances. Il y a lieu de signaler que la rencontre d'hier est la troisième du genre qu'organise le ministère des Finances qui a donné, note-t-on du côté de ce département, des instructions à ses différentes directions afin de communiquer le plus souvent avec la presse nationale sur l'état d'avancement des réformes engagées dans le secteur qui représente le «nerf de la guerre» aussi bien en Algérie que dans les autres pays.






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