Mince «récolte infrastructurelle» pour une manifestation budgétivore

Nasser HannachiLes nombreux projets infrastructurels promis à la livraison pour lamanifestation «Constantine, Capitale de la culture arabe 2015», qui débutera avril prochain, sont revus à la baisse. Les effets d'annonces auront pris le dessus sur la réalité. Projeter la réalisation d'infrastructures, dont les dates de livraisons sont précises, sur papier, pour être au rendez-vous est une chose, la concrétisation en est une autre. Et c'est l'autre option qui pose problème tant les retards se sont accumulés pour la majorité des projets, à deux mois du coup d'envoi. Pourtant, les autorités publiques, par la voix duPremier ministre, Abdelmalek Sellal, ont pourtant consacré l'intersectorialité pour permettre aux divers programmes d'être bouclés. Mais le doute persiste, et, à mesure que les jours passent, les responsables locaux recourent à des solutions de rechange, voire improvisées, pour contourner les retards de livraison. Pourtant, pour bon nombres d'observateurs et de citoyens de Constantine, les chantiers tournaient déjà au ralenti quand le calendrier a été annoncé. Pourquoi donc forcer la cadence avec tout le risque que peut engendrer l'accélération des travaux sur leur qualité 'L'évidence du retard s'est imposée lors des six derniers mois de 2014. La majorité des programmes culturels seront abrités par la grande salle de Zénith (3 000 places) à Zouaghi. Malgré toutes les latences et grèves qu'a connues le chantier en 2013, l'entreprise chinoise en charge de ce projet est sur le point d'honorer son engagement pour le livrer à temps. Mais les autorités locales ne désarment pas quant à rattraper les retards et ont décidé de multiplier la cadence des travaux en adoptant le travail en 3x8 (24h/24) pour parachever les réhabilitations engagées dans les deux Palais de la culture : Malek-Haddad et Mohamed El Aïd-El Khalifa. Toutefois, même cette décision est arrivée en retard, vu qu'il y a presque une année que le ministre de l'Habitat,Abdelmadjid Tebboune, avait demandé aux gestionnaires et entrepreneurs d'y recourir si nécessaire. Ce qui dénote, après tout ce temps, du manque de coordination entre les divers départements au niveau de la région.Dans un autre chapitre, le nombre de projets (réhabilitations de sitespatrimoniaux, réalisations d'infrastructures culturelles, aménagements urbains et périurbains) a éveillé l'appétit de quelques entrepreneurs «opportunistes» dont le seul souci était de ramasser la mise. Contribuer à préparer le terrain pour la culture n'ayant jamais fait partie de leurs visées, malgré la revue à la baisse de tous les délais de réalisation et de livraison des infrastructuresinscrites dans le listing concerné. Les responsables, dos au mur, semblent paniquer et usent de toutes les solutions à leurs dispositions. Ils veulentpar-dessus tout garantir à cette méga manifestation un démarrage à la hauteur des gros investissements consentis. Le zénith, selon eux, suffirait à abriter tout le programme culturel. Du coup, le début de l'évènement serait sacrifié, du moins jusqu'à ce que les autres espaces soient étrennés.C'est vraisemblablement dans cette perspective que s'inscrit cette accélération de la cadence pour achever les structures en latence. Car, la messe est dite sur ces aires censées accueillir les différentes animations au programme.En définitive, les fausses notes de départ, partagées par tous lesresponsables ayant applaudi et contribué au lancement des travaux sans grande ferveur sur le terrain, laissent place aujourd'hui à une mince récolte.Au final, Constantine devra donc réceptionner, l'une après l'autre, ces infrastructures, avec l'espoir qu'elles seront exploitées de manière optimale pour rayonner durablement.N. H.