Algérie

Mille métiers



Mille métiers
Photo: Makine F. Dans l'impitoyable course à  l'emploi, les nouveaux venus dans le marché du travail se démènent tant bien que mal pour arracher une honorable place dans la société. Les plus «nantis », armés d'un diplôme professionnel se situent en pole position pour aspirer à  leur première fiche de paie. Les moins lotis, gagnés par l'échec de la formation professionnelle  prennent leur peine à  bout de bras pour s'inviter avec un métier appris sur le tas. On  les nomme les bricoleurs. De nos jours, les rues d'Alger en foisonnent.  Arc-boutés sur leur caisse à  outils, ils s'acharnent à  décrocher une éphémère bricole pour boucler la journée. On leur reconnaît cette ténacité à  s'identifier au dur labeur. Tantôt savetiers, manœuvres,  plombiers, électriciens, ils font dans la débrouille. La rue les a forgés pour affronter la difficile conjoncture. On leur doit cette parabole qui fait toujours école dans les manuels pour enfants : « il n'y a pas de sot métier». Aujourd'hui, dans un monde impitoyable ils s'accrochent durement à  leurs métiers. Leur monde est cosmopolite. Plusieurs jeunes des pays du Sahel atterrissent à  Alger pour occuper ces métiers. Un tremplin avant « l'odyssée en mer ». La société leur lance une bouée de sauvetage pour de menus travaux. Marginalisés, non déclarés, le travail au noir les a happés. Ils passent leur temps à  scruter le large en quête d'un signal pour embarquer. Demain est un autre jour, il savent patienter, le temps de ramasser la somme voulue pour passer la frontière. De prime abord ils sont tous saisonniers, rêveurs marqués par une vie de bohème, leur destin se croise ici à  Alger. Tôt le matin ils occupent les abords de marchés offrant leurs indispensables services aux ménagères. Ils  déploient leur attirail pour une longue journée au bout de laquelle il y a espoir à  repartir de plus belle. Dans ce vieux métiers au mille et une occasions, les bricoleurs  ayant franchi la cité de Sidi Abderahmane sont aujourd'hui grands pères. Il faudra peut-être insister sur la bénédiction de ce métier qui, doucement, mais sûrement arrive à  tempérer les ardeurs d'une jeunesse en mal de vivre.


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