Les familles milianaises vivent à ce jour dans la tourmente, avec cette blessure qui n’arrive pas à disparaître de leurs esprits.
Les larmes, les chagrins, les tombes, l’humiliation, les frustrations ne suffisent plus contre la persistance de l’amnésie «des officiels». Miliana, une coquette ville qui s’éclipse en lambeaux, s’accroche au pied du prestigieux et imposant monument naturel, le Mont du Zaccar.
Sa culture au pluriel, ses patrimoines, ses traditions et ses us, l’état d’esprit social et patriotique, autant d’aspects qui lui avaient permis de s’imposer, pour se transformer en une destination pour les militants de la cause nationale. Elle avait accueilli l’Emir Abdelkader, ses lieutenants et ses soldats.
Cette ville a vu naître dans ses quartiers populaires des révolutionnaires, femmes et hommes, pour ne citer qu’à titre d’exemple Mohamed Bouras et Ali La Pointe. Miliana est d’abord un label. Mais pourquoi s’acharne-t-on jusqu’à présent contre cette ville historique passive qui avait imprégné à ses pensionnaires et à ses passagers le patriotisme?
Pourvue du gisement de son minerai de fer, de ses richesses agricoles, Miliana était un pôle économique incontournable. Se baignant dans son air pur, cette agglomération a immolé ses enfants pour l’intérêt du pays dans son combat libérateur.
L’Algérie indépendante avait incrusté, dans cette cité urbaine au milieu des massifs montagneux, des individus irresponsables, ayant hélas été chargés de faire disparaître les traces de son glorieux passé.
Les senteurs des incendies des forêts du Zaccar planent dans la mémoires des familles milianaises. Ses citoyens sont irrités par son état physique. Une ville martyre. La tragédie de la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1968 continue à ce jour d’incommoder la mémoire collective des vivants et des «morts» de cette ville.
Pourquoi alors tourne-t-on le dos au dévouement héroïque de cette jeunesse, tous arrachés de leurs «refuges» et de leurs familles pour combattre les géantes flammes, ayant surgi au Zaccar? Rachid Ezziane, l’auteur de l’œuvre intitulée Un automne à Miliana, à travers un récit poignant et des témoignages, nous entraîne vers les situations réelles inédites, vécues par les familles milianaises au moment du drame.
L’inconscience et le diktat des décideurs locaux de l’époque étaient conjugués avec la voracité des flammes du Zaccar, qui malheureusement ont produit un inattendu, de surcroît lourd bilan.
Les victimes au nombre de 22 et des disparus étaient âgées entre 16 et 22 ans. Le lecteur ne risque pas d’échapper dans cet univers caractérisé par cette riche et sublime description littéraire des mouvements désorientés des familles impuissantes, des ambiances et des atmosphères bizarres, des fumées, les odeurs des corps calcinés et des forêts, de la tristesse et des dialogues entre les familles et les camarades des martyrs du devoir.
Pour lutter contre l’oubli, le mouvement associatif de Miliana et quelques familles milianaises ont décidé d’immortaliser le drame à travers ce livre concocté par l’auteur Rachid Ezzine, édité chez El Hadhara.
Les Milianais fouettent les esprits. Ils ont décidé de dépoussiérer un pan de l’histoire de leur ville, pour atténuer la douleur qui pollue la mémoire collective.
Ériger une stèle à la mémoire des jeunes victimes milianaises de la tragédie, intervenue durant cette maudite nuit d’automne au Zaccar, un autre point à inscrire dans leurs prochaines actions.
La décision de classement de Miliana; ville de Sidi Ahmed Benyoucef; sur la liste du patrimoine national à préserver que vient de prendre la ministère de la Culture et des Arts devra susciter un intérêt des autorités locales envers cette demande des familles milianaises, la construction d’une stèle en hommage à ces jeunes broyés par les flammes, en cette nuit d’automne de 1968.
Le livre de l’auteur Rachid Ezzine est un document historique. L’autre écrivain natif de Miliana, cheikh Landjerit Mohamed, s’attelle à lutter contre l’oubli, en publiant des livres qui font connaître les patrimoines de cette ville au glorieux passé.
M'Hamed H.
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Posté Le : 24/01/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : M'Hamed H.
Source : elwatan.com du samedi 23 janvier 2021