Algérie

Mila Turajlic «C'est le film qui me choisit»



Mila Turajlic «C'est le film qui me choisit»
Rôle ? L'avis de Lam Lé est partagé par Mila Turajlic, cinéaste serbe, qui a réalisé « Cinéma Komunisto », un documentaire qui revient sur l'époque de l'ex Yougoslavie qui, sous le règne de Tito, produisait énormément de films.En 1945, Tito, le président yougoslave, crée les studios Avala films sur une colline à Belgrade. A l'époque, ces derniers étaient les deuxième plus grands d'Europe et devaient jouer le rôle du « Hollywood de l'Est ». On y créa un genre particulier, les films de guerre de propagande qui montraient le yougoslave héroïque face à l'occupant allemand. Ces super-productions, qui glorifiaient une Yougoslavie idéalisée, eurent beaucoup de succès. Le film montre comment Tito a utilisé l'industrie cinématographique pour créer l'Histoire d'un pays qui n'existe plus sauf... au cinéma.Mila Turajlic affirme que les nouvelles technologies permettent de faire du cinéma autrement, d'une manière différente, « et c'est la technologie qui donne une forme de liberté au cinéma engagé », soutient-elle.Pour elle, le cinéma engagé existe, en partie, grâce aux nouvelles technologies et à l'Internet. « L'Internet aide à diffuser et à distribuer nos films et à rencontrer le public. Nous devenons assez indépendant, de plus en plus indépendant qu'avant. Filmer avec un portable une réalité et la poster sur un Youtube ou Facebook est un engagement.»A la question de savoir qu'en est-il du cinéma aujourd'hui, Mila Turajlic, pour qui le cinéma engagé est celui qui sert une cause commune à tous, aborde une idée partagée par tous, répond : « La politique est devenue la langue de bois, langue qui ne communique pas avec les gens, et c'est la langue du cinéma qui prend sa place. Parce qu'on y trouve une façon de s'interroger sur la réalité, de s'unir autour d'un sujet qui nous interpelle et nous préoccupe, et d'en débattre ouvertement, dans la transparence. Le cinéma engagé constitue un espace libre où l'on peut réfléchir sur notre condition et notre situation. »En d'autres termes, le cinéma a pris un rôle que la politique ne joue plus.Interrogé sur ce qui la motive pour faire du cinéma engagé, Mila Turajlic répond : « Faire un film est un engagement et non pas un besoin. C'est presque une obsession. Il y a une nécessité du fait de vouloir faire un film. C'est le sujet qui me pousse à faire un film. C'est en fait le film qui me choisit ».« Cinéma Komunisto » est un documentaire traitant un sujet culturel. D'où la question : peut-on parler d'engagement dans ce cas '«L'engagement culturel sous-entend un engagement politique », soutient Mila Turajlic, et d'insister : « Chaque geste culturel est un geste politique.»




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