Algérie

Migrations



Migrations
«Où faut-il qu'on aille pour changer de paille, si l'on est le feu...» AragonOn lève les yeux vers le ciel pour suivre l'imposant nuage d'étourneaux qui tournoient dans un concert de piaillements aigus: on se pose toujours la question de connaître les tropismes qui les conduisent dans «ce pays de soif et de bucranes». C'est simple! Les Européens doivent nous regarder de la même façon mais avec une nuance de mépris ou de commisération. Et c'est naturellement vers les jeunes que notre regard se tourne; dire que certains d'entre eux ne rêvent que d'une chose: mettre les deux pieds sur la rive tempérée opposée à la nôtre qui, elle, est plus brûlante chaque année, on ne sait pas pourquoi, c'est peut-être à cause de la couche d'ozone qui s'amincit chaque saison, de la pollution, du réchauffement de la planète, de la croissance démographique qui augmente la promiscuité d'une façon exponentielle, de la chute du prix du baril conjuguée à la hausse de celui de la patate. C'est peut-être aussi à cause de l'activité terroriste résiduelle, du banditisme, du brigandage, de la crise du logement, du chômage, de la fuite des cerveaux, des détournements, du travail au noir, des salaires qui ne veulent pas décoller alors que le prix de la patate a atteint des cimes, de la mainmise de la bourgeoisie compradore sur la rente pétrolière...Bref! C'est peut-être à cause de quelques-uns de ces facteurs ou alors est-ce dû à l'interaction ou à la conjugaison à tous les temps et à tous les modes de ces facteurs que la majorité de nos concitoyens rêve de repartir au pays de Hollande ou au Canada...Il faudrait faire un jour l'inventaire des moyens utilisés par les uns ou des ruses feintes par les autres pour donner la mesure de l'intensité du sentiment de haine que certains vouent à la vie (pas au pays, je vous le jure!) qu'ils mènent ou qu'ils ont menée sous un ciel presque tout le temps bleu. Evidemment, on ne parlera pas de certains hommes politiques qui ont crié sur tous les toits et sur toutes les ondes réquisitionnées par le parti unique, leur nationalisme, leur amour insondable de la patrie, les sommes de souffrances qu'ils ont endurées pour faire flotter le drapeau sur nos palais et nos statues...On raconte que beaucoup ont élu domicile sur le sol de l'ancienne métropole et qu'ils chantent avec le groupe Zebda la vieille chanson de Charles Trenet Douce France, malgré l'hostilité croissante et la multiplication des mesures administratives et policières. Je ne leur en veux pas, pourvu qu'ils ne demandent pas à être enterrés ici, à côté de ceux qu'ils ont aidés à pourrir ici de leur vivant...Chacun est libre de choisir l'endroit où il veut vivre, à condition que la chanson qu'il a chantée aux autres ne soit pas différente de la rengaine qu'il se murmure en aparté...On passera sous un silence pudique ceux qui ont réalisé le vieux rêve des alchimistes du Moyen âge: transformer les dinars en devises sonnantes et trébuchantes, en se servant avec les deux mains, les deux pieds et surtout avec l'aide, le consentement, la complaisance, quand ce n'est pas avec la complicité de certains membres de leur famille (politique ou agnatique, peu importe) pour vider les caisses du secteur public, pour les transférer là où l'herbe est toujours verte.On ne parlera pas non plus des petits malins qui, dès qu'ils ont senti que le climat du parti unique était malsain pour leurs fragiles poumons, ont pris la poudre d'escampette avant d'être piégés par la date limite imposée par les fameux accords d'Evian.




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