Photo : Riad
De notre correspondant à Constantine
A. Lemili
Contrairement à la rigueur habituelle, l'invitation des journalistes à la conférence de presse de Bouguerra Soltani s'est faite dans la plus grande précipitation et pour cause, le fait qu'elle relevait d'une circonstance exceptionnelle consistant en une visite à titre privé du président de MSP et transformée de la manière la plus inédite en activité partisane. Un moyen judicieux de rentabiliser le déplacement.
D'emblée, Soltani se lancera dans la clarification de l'annonce faite autour d'une unification des rangs des trois partis islamistes que sont MSP, Ennahda et El Islah et son interprétation par les milieux politiques et médiatiques. «Logiquement le communiqué numéro un de la coalition des partis islamistes sera rendu public jeudi prochain. Cette union est l'aboutissement de contacts entamés il y a près de deux mois, sur initiative de jeunes cadres et de chouyoukh du courant islamiste visant initialement à la création d'un front contre la fraude dans les opérations de vote du 10 mai prochain pour évoluer, ensuite, en l'idée d'une unification de nos rangs et donc d'aller aux élections par la proposition d'une liste unique. En prônant par voie de conséquence un même discours et un même projet politique», déclarera en préambule A. Soltani. Il commentera sans la critiquer la décision de A. Djaballah de faire cavalier seul malgré que le président du FJD ait, quelques jours durant, laissé entrevoir son adhésion au projet d'unification. Et à ce propos, il exprimera le souhait d'une «campagne propre d'où l'invective et la provocation doivent êtres bannies et où ne devraient prévaloir que les programmes de nature à faire envisager autrement l'avenir des Algériens et du pays». Le chef de fil du MSP insistera sur la nécessité pour tout citoyen de se rendre aux urnes et peut importe pour qui il s'exprimera, se félicitant par ailleurs de la décision du FFS d'entrer en compétition dans les prochaines législatives.Dans ses réponses aux questions des journalistes, Soltani ne regrette pas l'adhésion de sa formation à
l'Alliance présidentielle, sauf qu'il insistera sur sa centralisation sur le plan décisionnel à la seule capitale du pays excluant de fait l'activité partisane des partis la composant dans le pays profond. Toutefois, ladite alliance demeurera, pour ce dernier, «un acquis historique aux résultats indéniables, comme en témoignent la matérialisation de la réconciliation nationale et les réformes politiques, véritable soubassement d'une démocratie définitivement ancrée». Evacuant d'un revers de main, au regard de la modification du paysage politique dans les pays voisins et par extension dans l'ensemble du monde arabe, un mimétisme qui cultiverait de fausses espérances aux islamistes algériens, Soltani rappellera que «l'émergence des islamistes est une réalité aujourd'hui et une réalité qui est acceptée par l'ensemble des nations qui, jusque-là, vilipendaient le phénomène. L'émergence de majorités islamistes n'inquiète plus les capitales occidentales. C'est une réalité de laquelle elles s'accommodent et à laquelle elles concourent parfois comme en Libye, Egypte, Tunisie, Maroc, Yémen, Koweït».Sur ce que pèsera dans un avenir proche la coalition islamiste, le président du MSP soulignera que «tout d'abord il ne s'agit pas d'une coalition partisane mais de la naissance d'une famille politique que réunira des programmes politiques et des projets de société communs. Partant de ce postulat, l'idée est d'aller au Parlement en tant que majorité, ce qui, ce faisant, induira l'un des grands chantiers de la prochaine législature, à savoir la révision de la Constitution».Evoquant enfin les chances des islamistes de remporter les prochaines élections, Soltani énumérera sept points indicateurs d'une victoire annoncée : «La reconnaissance internationale d'une réalité incontestable, une meilleure organisation et structuration des partis islamistes algériens, le retour d'électeurs dormants depuis 1992 notamment ceux du camp islamiste (l'allusion semble viser ceux proches du parti dissous, ndlr), les expériences du reste des autres pays musulmans au cours de l'année 2011, l'indépendance des juges et enfin une surveillance du scrutin qui semble réunir pour une fois les conditions idoines.»Il rendra enfin hommage aux juges qui ont refusé d'entériner, après la clôture des listes électorales, le rajout de milliers nouveaux électeurs dénonçant dans la foulée ce qui se serait passé dans la wilaya de Tindouf, tout en s'étonnant sur le fait qu'un pays dont la population est de 35 millions d'âmes puisse se targuer de 21 millions d'électeurs. Un rapport qui insulte superbement les normes mondiales consacrées.
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Posté Le : 05/03/2012
Posté par : archives
Ecrit par : A L
Source : www.latribune-online.com