Michel Jarraud (SG de l'Organisation météorologique mondiale OMM) : « La gestion de l'eau est un problème très aigu en Méditerranée »
Quelle est votre contribution à ce Congrès mondial de l'eau ' Cette conférence est importante pour nous météorologues et hydrologues parce que le changement climatique aura un impact extrêmement important sur la disponibilité en eau, le régime des précipitations, les sécheresses. Dans un certain nombre de régions, la gestion de l'eau est un problème très aigu. Je pense aux régions méditerranéennes, du Sahel' Le problème risque de s'accentuer. Il est donc important que toutes les personnes amenées à prendre des décisions soient les gestionnaires de l'eau, ceux qui gèrent les barrages, les agriculteurs' Il faudrait donc que scientifiques et utilisateurs arrivent à dialoguer. Il s'agit donc que les scientifiques et les utilisateurs arrivent à dialoguer. Cette conférence est importante pour favoriser ce dialogue, mais pour avoir de bonnes prévisions, de bons produits, il faut commencer par avoir de bonnes informations. C'est comme si vous diagnostiquez une maladie, il faut prendre la température, le pouls ; il s'agit donc de renforcer le système d'observation météorologique et hydrologique, et le problème est particulièrement aigu dans certains pays en développement. Il s'agit aussi de trouver, à travers des échanges de technologie, des actions de coopération, de renforcement des capacités des pays en développement et de les aider à disposer des informations et à développer leurs propres capacités. C'est l'une des missions de mon organisation. Voilà pourquoi pour nous ce sujet est vital. Quels sont les risques qu'encourent les pays de la Méditerranée ' Beaucoup de régions périphériques de la Méditerranée sont sujettes à la sécheresse qui risque de s'accentuer. Donc, le problème de disponibilité d'eau douce risque de devenir un peu plus critique. Cela se traduira par des problèmes au niveau agricole, de la sécurité alimentaire, de la santé dans certaines régions qui sont touchées par certaines maladies comme celles liées aux moustiques, la malaria. La zone de ces maladies risque de s'étendre vers le Nord. Comme aussi les maladies liées à la qualité de l'eau, parce que moins il y a d'eau plus la pollution risque d'être importante. Ça se traduira aussi par des problèmes au niveau de l'énergie, dans certains pays on voit déjà que la quantité d'eau n'est plus suffisante dans les barrages. Tout cela fait qu'au niveau méditerranéen il y aura des conséquences qui seront multiples : santé, tourisme, agriculture, énergie, transport... beaucoup de secteurs risquent d'être affectés. Vous pensez que les données scientifiques sont suffisamment utilisées par les décideurs, ceux chargés par la gestion de l'eau ' Ce qu'on souhaite c'est qu'elles le soient encore plus. Elles vont déjà de mieux en mieux, mais de mon point de vue pas encore suffisamment. Il faut vraiment renforcer les efforts pour que ces données soient utilisées de manière plus optimale à tous les niveaux.
Posté Le : 04/09/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kamel Medjdoub
Source : www.elwatan.com