Quand Méziane Zéroual a quitté son Algérie natale à l'âge de 21 ans pour venir étudier à l'Université d'Ottawa, en 1975, il était bien conscient qu'il allait subir un choc culturel à son arrivé dans son pays d'accueil. Mais il ne s'attendait jamais à un choc linguistique.
« Il n'y avait pratiquement aucun service en français à Ottawa à l'époque et je ne parlais pas l'anglais, se souvient-il. Quand j'allais à ma banque (Banque de Montréal, rue Rideau), les gens là-bas devaient demander à la seule commis francophone qui y travaillait de me servir. Et cette commis n'avait rien à voir avec le guichet et le service à la clientèle. Et c'était partout pareil. Au magasin Freeman, chez Caplan, au restaurant, partout. Tout le monde parlait anglais. Même certains francophones parlaient en anglais !
« Et le pire, poursuit-il, c'est que certains cours en génie mécanique à l'université étaient offerts uniquement en anglais. On ne m'avait pas dit ça dans les formulaires que j'avais remplis pour venir étudier ici. J'ai donc complété les quelques cours en français que je suivais durant ma première année. J'ai appris l'anglais pendant cette même année et j'ai pu prendre les cours en anglais par la suite. Et j'avais l'intention de retourner chez moi, en Algérie, à la fin de mes études. »
Mais M. Zéroual a rencontré une Franco-Ontarienne de la Basse-Ville et... qui prend épouse prend pays. Il n'est jamais retourné chez lui, sauf à quelques occasions pour visiter sa mère et ses frères.
« Je me considère aujourd'hui Franco-Ontarien, dit-il. Mes quatre filles sont francophones. J'ai un groupe d'amis francophones et je m'implique depuis toujours dans la francophonie ontarienne. »
M. Zéroual, 56 ans, est directeur des Ressources physiques à La Cité collégiale (sa « deuxième maison », dit-il) depuis 16 ans, et il est membre bénévole du Comité consultatif sur les services en français de la Ville d'Ottawa. Et pour lui, c'est un devoir, comme francophone, de s'impliquer dans sa communauté.
« Je viens d'un petit village en Algérie, donc je connais l'importance de l'entraide dans une petite communauté, explique-t-il. Et par notre implication, on donne l'exemple aux jeunes. Il faut donner l'exemple. Vivre en français en Ontario est une bataille incessante. Donc il faut tous s'impliquer pour conserver ce qu'on a acquis au cours des 30 dernières années et pour continuer à s'épanouir. Parce que si on ne s'aide pas, personne ne nous aidera. Ça, je l'ai vite réalisé. »
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Passionné de la course à pied, M. Zéroual participe annuellement à de nombreux marathons et il a récemment amassé 3 300 $ pour le Centre de traitement de jour pour enfants du Centre Psychosocial dans le cadre de sa participation au demi-marathon « Ottawa Fall Colors », en octobre dernier.
« C'était la première fois que je courais pour une cause, dit-il. J'ai bien aimé l'expérience et j'ai été renversé par la générosité de mes collègues de travail, de mes amis et des employés du Centre Psychosocial. J'adore la course à pied et l'exercice physique. Et j'habite tout près de La Cité collégiale, donc je marche à tous les matins pour me rendre au travail.
- Vous ne courez pas ?
- Quand il fait froid, oui !
- Donc vous ne conduisez pas une Porsche ?, que je lui demande à la blague en conclusion.
- Je n'ai même pas de voiture !, répond-il en riant. Et vous pouvez aller vérifier au bureau qui émet les permis de stationnement si vous ne me croyez pas ».
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Posté Le : 14/01/2011
Posté par : canadalgerie
Ecrit par : Denis Gratton
Source : www.cyberpresse.ca