Algérie

Mezhoura Salhi, docteur en histoire et maître de conférences à l'université de Tizi Ouzou : «La répression du 17 octobre 1961 a provoqué une tragédie humaine»


Les événements sanglants, qui se sont déroulés le 17 octobre 1961 à Paris où une manifestation organisée par des Algériens a été violemment réprimée par les forces de police dirigées par Maurice Papon, ont marqué l'histoire tant cette tragédie a constitué un tournant décisif pour la guerre de Libération nationale.Ainsi, Mezhoura Salhi, docteur en histoire et maître de conférences à la faculté des sciences humaines et sociales de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, nous a expliqué que «ces événements tragiques sont à jamais ancrés dans la mémoire des peuples et des nations.
Le génocide, le massacre et l'oppression que la France a commis tout au long de la conquête, seront gravés dans l'histoire du peuple algérien et le massacre du 17 Octobre 1961 restera une tragédie humaine pour les immigrés algériens à Paris», nous a-t-elle souligné tout en mettant l'accent sur cette répression féroce des policiers déchaînés qui ont violemment chargé, matraqué, tabassé, tué et jeté dans la Seine de nombreux manifestants.
Selon elle, Jim House et Neil Mac Master, deux historiens anglais montrent clairement dans leur ouvrage intitulé Paris 1961. Les Algériens, la mémoire et la terreur d'Etat, publié en 2006, que la police parisienne, sous les ordres de Maurice Papon, a massacré les Algériens manifestant pacifiquement contre les mesures discriminatoires les touchant durant plusieurs semaines.
La même universitaire ajoute que les deux historiens ont rapporté que la plupart des Algériens ont été tués dans les semaines précédant le 17 octobre, surtout à partir du 1er septembre. «Selon les archives judiciaires, relèvent toujours les mêmes chercheurs, 246 Algériens sont décédés de mort violente en 1961, dont 105 en octobre», nous explique Dr Salhi qui ajoute que le communiqué officiel du porte- parole du ministère de l'Information du GPRA à Tunis, sur les mêmes événements diffusés par la Radiodiffusion nationale du Maroc, en français, le 20 octobre 1961, à 13h, avait parlé de violents incidents qui ont émaillé une manifestation de rue qui avait drainé plus de 30 000 Algériens, souvent accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants, venus de tout les quartiers de Paris et de la banlieue pour manifester, cinq heures durant, malgré le déploiement impressionnant de tout l'appareil policier parisien.
Dr Salhi nous fait savoir que le même communiqué avait estimé que le gouvernement français a répondu par des représailles collectives qui ont enregistré plus de 12 000 arrestations lors de cette action dirigée et contrôlée par le FLN. Le nombre de personnes tuées était de 50, selon le même communiqué qui évoquait des centaines de blessés, de déportés et des disparitions, a rappelé Dr Mezhoura Salhi.
Cette dernière nous a parlé aussi de l'indifférence de la presse française à l'égard de ces événements. «Au lendemain de la manifestation, le bilan officiel de la préfecture de police de Paris est de deux morts algériens, et de tirs échangés entre la police et les manifestants.
Le Journal le Monde du 19 octobre 1961, fait état de 11 000 arrestations, 3 morts et plus de soixante blessés», nous précise également le Dr Salhi qui soutient, en outre, que «les événements du 17 octobre 1961 ont mis en échec l'entreprise répressive de Maurice Papon qui voulait pousser l'immigration algérienne dans ses derniers retranchements après avoir soumis tous les espaces fréquentés par les Algériens à des mesures et autorisations particulières, de même que tout déplacement ou rassemblement de personnes, surtout, la nuit.
Le fin mot de cette politique, mise en place par Papon, était de venir à bout, par tous les moyens, des actions clandestines de l'immigration algérienne qui commençaient à prendre de l'ampleur et à faire régner un climat d'insécurité sur le territoire français», nous a-t-elle fait remarquer tout en laissant entendre que «la répression du 17 octobre 1961 à Paris a provoqué une tragédie humaine».
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