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Mexique : Lopez Obrador, entre attentes sociales et pression des marchés



Andres Manuel Lopez Obrador qui a pris officiellement samedi la tête du Mexique, deuxième plus grande économie d'Amérique latine, va devoir répondre aux fortes attentes sociales des électeurs, mais aussi aux pressions des marchés financiers.Le vétéran de gauche de 65 ans va débuter un mandat de six ans, après une victoire électorale le 1er juillet avec 53% des voix. Dès son élection, le nouveau président a promis de maintenir les équilibres macro-économiques et de respecter l'autonomie de la Banque centrale mexicaine, une manière de rassurer les investisseurs. Mais les décisions annoncées par l'ancien maire de Mexico (2000-2005) pendant la période de transition de cinq mois avant sa prise de pouvoir officielle ont secoué les marchés. Ainsi, l'annonce de l'annulation du chantier de construction en cours d'un nouvel aéroport à Mexico, d'un coût de 13 milliards de dollars, suite à un référendum controversé, a suscité l'inquiétude des marchés et les critiques des entrepreneurs. Au lendemain de cette annonce fin octobre, la Bourse de Mexico s'est repliée de 4,2% et le peso mexicain s'est déprécié de plus de 3%.

Référendums
Les agences de notation ont également réagi. L'agence Fitch a abaissé la note du pays à BBB+ estimant que l'annulation de la construction de l'aéroport envoyait "un signal négatif aux investisseurs". Moody's a maintenu la note A3 du Mexique, mais a dénoncé un climat d'incertitude après cette décision.
M. Lopez Obrador, connu par ses initiales AMLO, a répondu à travers une vidéo, indiquant qu'il n'y avait "rien à craindre" et a dénoncé une "campagne de déstabilisation". Il s'est par ailleurs réuni avec les entreprises en charge de la construction de cet méga-aéroport et leur a promis des compensations. Quelques jours plus tard, le 11 novembre, la Bourse mexicaine a de nouveau réagi négativement, dévissant de presque 6% après une proposition de Morena, le parti du président, de limiter les commissions des banques. Une autre proposition du parti de renforcer les exigences sociales et environnementales pour l'attribution de concessions minières a fait chuter le cours des actions des principales entreprises du secteur, telles que Grupo Mexico, un des plus gros producteurs de cuivre du monde. "L'incertitude quant à la manière dont les décisions politiques du prochain gouvernement pourraient être prises peut avoir un impact sur l'investissement, tant national qu'étranger", estime Carlos Serrano, économiste en chef à la banque espagnole BBVA Bancomer. En élevant les taux directeurs à 8% mi-novembre, la Banque du Mexique a aussi répondu à la préoccupation des investisseurs. Pour Edward Glossop, économiste chez Capital Economics, une des préoccupations majeures est un "baisse agressive de la politique fiscale" et "l'annulation des contrats énergétiques", soit par référendum ou via de nouvelles lois votées par le Parlement.
Pour Philip Waechter, économiste en chef chez Ostrum Asset Management, une société d'investissement qui gère quelque 265 milliards d'euros, la période d'incertitude pourrait toutefois être de courte durée. "Probablement qu'une fois au pouvoir, après une période d'ajustement, les choses peuvent être différentes, c'est ce que nous voyons dans les grandes économies", estime l'économiste.

Présentation du budget
Les marchés financiers attendent à présent avec impatience la présentation, au plus tard le 15 décembre, du projet de budget de l'équipe économique de Lopez Obrador, dirigée par le futur ministre de l'Economie, Carlos Urzua. "Cela lèvera une partie (de l'incertitude), si cela s'avère être un projet économique crédible", estime Carlos Serrano de BBVA Bancomer, mais pour lui, le climat d'incertitude est aussi lié "aux doutes générés par les référendums". "Le diable se cache dans les détails. L'objectif d'excédent budgétaire est incompatible avec la promesse de la campagne d'augmenter les dépenses publiques et de ne pas augmenter les impôts", indique dans un rapport Capital Economics. Cette semaine, le nouveau président a cherché une nouvelle fois à rassurer les investisseurs. "Ceux qui investissent dans les entreprises, dans les actions, sur le marché financier, auront des investissements sûrs et vont engranger de bons rendements", a déclaré le futur président dans un message sur ses réseaux sociaux. "Il y aura un véritable État de droit, il n'y aura pas d'expropriations, pas d'actes arbitraires, nous allons mettre fin à la corruption", a-t-il promis. Pour l'heure, la Banque du Mexique a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l'économie mexicaine en 2019, à une fourchette allant de 1,7 % à 2,7 % du PIB pour la première année de mandat du nouveau président. Mustapha S.


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