Le forum international pour l'investissement que l'Arabie saoudite organise aujourd' hui, est boudé par de nombreux responsables occidentaux et dirigeants de firmes internationales.Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, la directrice du FMI, Christine Lagarde, et le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, ont annoncé qu'ils ne feraient pas finalement le voyage à Ryad, tout comme les dirigeants australiens. De grands médias, comme Bloomberg, CNN et le Financial Times, se sont également désistés. En 2017, lors de la première édition du forum international pour l'investissement, lancé en grande pompe, le jeune prince héritier, Mohammed ben Salmane, surnommé MBS, avait été salué comme visionnaire, séduisant les investisseurs, en parlant de robots et plans futuristes, pour une mégalopole d'avant-garde appelée NEOM.
L'édition 2018 cristallise l'indignation internationale, contre un pouvoir saoudien prompt à faire taire toute voix dissidente, comme celle de Jamal Khashoggi, opposant au prince saoudien. Après avoir fermement démenti être impliquées dans la disparition du journaliste, aperçu pour la dernière fois le 2 octobre, entrant dans le consulat saoudien d'Istanbul, les autorités saoudiennes ont finalement, samedi, admit qu'il avait été tué dans la mission diplomatique, à la suite d'une bagarre. Depuis plusieurs mois, le prince ben Salmane, à qui le roi Salmane a, de facto, délégué les affaires courantes du royaume, semble avoir intensifié la répression contre tout signe d'opposition: hommes d'affaires, militants des droits de la femme et dignitaires religieux ont été arrêtés. Nombre de participants au «Davos du désert» annulent leur voyage à Riyad. Vitrine du plan national de modernisation et d'investissement du prince ben Salmane, la deuxième édition du Future Investment Initiative, présidée par le jeune homme fort du royaume, doit se tenir du 23 au 25 octobre. James Dimon, président directeur général de JP Morgan, l'une des plus grandes banques américaines, et Bill Ford, directrice du deuxième constructeur automobile américain, ont annoncé qu'ils n'iront pas au sommet en Arabie Saoudite. Avant eux, le patron d'Uber, Dara Khosrowshahi, a été le plus direct, en renonçant à sa participation «à moins qu'une série de faits considérablement différents n'émerge» sur la disparition du journaliste. Les premiers désistements n'ont pas laissé indifférents les organisateurs du Future Investment Initiative.
La liste des intervenants a purement et simplement disparu du site de l'événement. Parmi les Français dont la présence était alors confirmée, figurait par exemple, Jean-Bernard Lévy, PDG d'EDF. Celui-ci n'a pas changé ses plans, d'après le service de presse du géant de l'électricité, qui nous a répondu : «Pour l'heure, l'événement figure à son agenda». D'autres dirigeants de grandes entreprises françaises devaient s'y rendre, dont Frédéric Oudéa, directeur de la Société générale. Manifestement gênée, la banque fait savoir qu'elle suit de près le dossier, sans donner plus de précision. Patrice Caine (Thales), Jean Lemierre (BNP Paribas), Sébastien Bazin et Jacques Attali, également attendus, n'ont pas donné suite à nos demandes. Paradoxalement, le monde des affaires, du moins anglo-saxon, prend des positions plus fermes et plus rapides à l'égard de l'Arabie Saoudite que les gouvernements. Deux semaines après la disparition de Khashoggi dans des circonstances qui incriminent de plus en plus le régime de Ben Salmane, les réactions officielles sont restées très mesurées. Dans un communiqué commun aux termes très pesés publié lundi, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ont indiqué prendre cette affaire très au sérieux, appelant à une «enquête crédible et nécessaire pour établir la vérité au sujet de Jamal Khashoggi».
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Posté Le : 21/10/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mounir Abi
Source : www.letempsdz.com