Algérie

Mettre le sigle FLN à l'abri des humiliations claniques


Les membres du Comité central de l'actuel FLN, en se disputant le précieux sigle dans la mêlée par l'insulte, viennent de nous le rappeler. De rappeler que l'usage partisan de ce symbole est déjà le fruit d'un coup de force.
Ce coup de force, qui s'est conclu dans le sang et la torture, avait été initié dès 1957, avec l'assassinat d'Abane Ramdane, le concepteur du Congrès de la Soummam, premier et dernier rassemblement des révolutionnaires algériens. Après, l'histoire du FLN ne sera plus qu'une chronique de coups d'Etat, d'affrontements, de complots, d'assassinats, de bannissements, d'emprisonnements. Et tout cela devait se passer à huis clos ; pas d'autres voix que la voix du FLN, devenu pourtant parti. On allait oublier ce versant de l'histoire de la Révolution, fait d'une armée qui, hors des frontières attendait, l'arme au pied, le moment de faire sa guerre, celle de la prise de pouvoir, de la prise d'Alger version indépendance, un versant fait de tractations entre Tunis, Le Caire, les prisons de France, un versant fait d'un service de renseignements qui se transforme en police politique... On allait oublier tout cela, les membres du Comité central viennent de nous le rappeler, aujourd'hui, que le huis clos d'une histoire qui s'est toujours voulue secrète n'est plus possible, aujourd'hui que les putschistes n'ont plus l'élégance ou le talent de masquer leurs agissements.
Ils se disputent le FLN que les putschistes d'hier arrachaient à son destin de symbole sacré pour en faire un appareil de détournement d'histoire, de pouvoir et de patrimoine. De déchéance en déchéance, c'est cinquante ans après l'Indépendance qu'on assiste au spectacle cinglant d'une rixe de bandes se disputant, avec forces insultes et blasphèmes, un sigle tombé des cimes de l'histoire dans l'escarcelle d'affairistes politicards.
Bien sûr, cet immense symbole, converti pour les besoins d'une avidité endémique postindépendance, aura tout connu : un Congrès de Tripoli qui ne s'est jamais clôturé, des coups d'Etat armés, des coups d'Etat 'scientifiques', des batailles rangées de kasmas et de mouhafadhas, des assauts de dobermans, mais cette fois-ci, ce sont les membres de l'instance suprême et délibérante qui se sont exprimés dans le langage qui trahit la réelle vocation qu'ils réservent à ce sigle.
Comble de paradoxe, c'est sous le régime qui constitutionnalise la pénalisation de l'atteinte aux symboles de la Révolution, c'est au FLN qu'on assiste à des bagarres de chiffonniers agrémentées de jurons de charretiers animés par des dépositaires autoproclamés de ces symboles. Certains de ces honorables concurrents de cette bataille pour le fonds de commerce historique ne se sont même pas retenus de chahuter l'hymne national ! Et c'est dans cette génération de 'révolutionnaires d'appareil' que se recrutent les patentés demandeurs de repentir à la France !
C'est simplement une urgence nationale de mettre ces trois lettres qui figurent le sacrifice de générations de patriotes hors de portée des souillures des appétits de clans
et de coteries. Ce souhait est exprimé sans illusion, tant les intérêts bassement matériels qui empêchent cette nécessaire sauvegarde de la symbolique nationale sont grands. Mais il n'y a pas d'autre manière de mettre fin à une histoire de l'Algérie indépendante faite de coups de force. Et d'honorer ce cinquantenaire.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr


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