Algérie

Mettre fin à la gestion politique des banques



Exclu depuis le scandale de Khalifa Bank, le privé algérien est de nouveau autorisé à investir dans le secteur bancaire.Le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, a indiqué, tout récemment, que l'ouverture de banques privées algériennes s'inscrivait dans le cadre des réformes bancaires envisagées et qui seront connues à partir de la semaine prochaine.
Le ministre a ajouté que le cahier des charges relatif à cette opération était "fin prêt", précisant que les modalités de son retrait étaient définies par la loi sur la monnaie et le crédit, ainsi que les mesures réglementaires énoncées par la Banque d'Algérie. Exclu depuis le scandale de Khalifa Bank, le privé algérien est autorisé de nouveau à investir dans le secteur bancaire.
Ce dernier, selon le rapport 2017 de la Banque d'Algérie, est composé, notamment, de 6 banques publiques, dont la caisse d'épargne, et de 14 banques privées à capitaux étrangers, dont une à capitaux mixtes, la banque Al-Baraka, mais aucune banque privée à capitaux algériens.
Le système financier algérien est peu concurrentiel en matière de collecte de ressources et de distributions des crédits, comme l'a souligné l'ancien ministre des Finances Abdelatif Benachenhou, dans son livre L'Algérie, sortir de la crise. L'ouverture du secteur bancaire à l'investissement privé pourrait-il améliorer l'intermédiation bancaire ' Rien n'est moins sûr.
Pour rappel, "l'ouverture du secteur bancaire au capital privé dès 1990 devait corriger, en partie, les dérèglements et les déséquilibres caractéristiques des banques publiques : mieux financer le secteur privé et offrir des services de qualité", selon l'ancien ministre.
Cependant, force est de reconnaître que l'intervention des banques privées sur le marché du crédit n'a pas changé substantiellement la bancarisation de l'économie ou les modalités de financement du crédit à l'investissement, notamment pour les PME.
Dans une contribution publiée dans Liberté, l'économiste Rachid Sekak souligne qu'"aucune banque étrangère ne dispose d'une part de marché significative et le rôle des banques étrangères demeure un sujet de controverse". Les banques publiques nourrissent la quasi-totalité des crédits au secteur public et participent à hauteur de 75% aux crédits octroyés au secteur privé.
Une telle situation vis-à-vis du secteur public découle de directives écrites ou non écrites données aux entreprises publiques de cantonner leurs opérations aux banques publiques. Ces directives ont été "abrogées", mais les pratiques anciennes perdurent largement à ce jour.
L'activité de crédit des banques privées est orientée quasi exclusivement vers le secteur privé (entreprises et ménages) avec une concentration forte sur les opérations de court terme comme le financement du besoin en fonds de roulement (BFR) des entreprises et le refinancement d'opérations d'importations.
"L'incapacité à lever localement des ressources à long terme n'est pas étrangère à cette spécialisation", estime Rachid Sekak. Trois principales caractéristiques du secteur bancaire apparaissent, selon l'économiste, citant la faiblesse du niveau de son intermédiation, la prédominance des banques publiques et la faiblesse des crédits accordés au secteur privé.
"Une telle configuration n'a pas permis au pays de réaliser son potentiel de croissance, et ce, malgré une abondance de ressources et un excès de liquidité bancaire pendant une période relativement longue", a-t-il regretté. Le rôle dominant de l'Etat dans l'économie façonne le comportement des banques publiques en matière de politique de crédit.
Le FMI, dans son rapport d'évaluation du système financier algérien en 2014, a relevé que la concurrence au sein du secteur bancaire est faible en raison de la concentration excessive du marché, des fréquents renflouements des banques publiques et de l'insuffisance des règles de gouvernance qui régissent ces dernières.
Pour rappel, le ministère des Finances avait annoncé, en décembre dernier, le lancement d'un avis d'appel à candidature, accompagné de termes de référence, pour la désignation d'administrateurs indépendants au sein des conseils d'administration des banques publiques.
Les 18 administrateurs indépendants retenus devaient être nominés, avant la fin juin 2020, par résolution, lors des Assemblées générales ordinaires consacrées à l'approbation des comptes sociaux des banques publiques pour l'exercice 2019.

Meziane RABHI


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