Pour le clan soutenant un 4e mandat pour Bouteflika, la meilleure défense est naturellement l'attaque. Dans son viseur, tous les citoyens qui descendent dans la rue pour manifester leur indignation devant le scénario éhonté de la reconduite du système politique en place. Dans cette phase préélectorale incroyablement délétère, des membres du gouvernement et des chefs de parti mis en ordre de bataille pour opérer le coup de force du 17 avril se sont découvert un nouveau job non prévu dans leur mission politique ou leurs postes ministériels : s'attaquer à la population qui manifeste son opposition à un pouvoir inapte, dépassé par les événements et par l'histoire. «Aventuriers», «antidémocratiques», «déstabilisateurs», les sentences sont implacables à l'endroit des citoyens «coupables» d'avoir des opinions politiques claires et courageuses. Ainsi, dans l'esprit de nos gouvernants, c'est la société civile, pacifique, politisée et attachée à la démocratie, qui serait porteuse d'«instabilité» et non les soubresauts des révolutions non abouties aux frontières du pays.Il apparaît clairement que le pouvoir en place a plus peur des accès de colère de son propre peuple que des infiltrations de djihadistes et de leur armement à partir des nouvelles bases du terrorisme dans la région. La stabilité envers et contre le peuple, c'est ce que l'on retient de la démarche de maintien au pouvoir menée méthodiquement depuis de longs mois par des métronomes du désastre. Ces derniers ont commandité une guerre civile au sommet de l'Etat, en répandant l'effroi à travers tout le pays, avant de sonner unilatéralement l'armistice et battre le rappel des troupes pour s'engager tranquillement dans un processus électoral plombé et résolument tourné vers le passé. Le corps électoral est convoqué, mais condamné à accepter la maladie et la convalescence, peut-être la décrépitude, comme seule perspective politique dans un monde où même la vitalité peut échouer si elle n'est pas couplée à l'intelligence et à la conviction. Tel ministre intime l'ordre à la population d'«aimer» le Président quand elle n'éprouve que de la compassion. Tel chef de parti croit que pour avoir le droit de manifester, il faut obtenir l'accord de l'administration et du pouvoir, ignorant que ce système politique s'appelle une dictature.Toute cette série de coups de force, d'injonctions et de menaces a pour finalité d'échapper à l'heure du bilan et à la justice. Le niveau zéro de la politique a été atteint depuis de nombreuses années dans notre pays. Des luttes et des parcours politiques de plusieurs décennies sont relégués dans l'oubli et l'ostracisme, et l'on assiste à la célébration sur la place d'Alger de candidatures-OVNI, catapultées depuis l'étranger et sans doute promises à être renvoyées dans les mêmes formes. Dans ce désert politique, où la démocratie reste aussi éloignée que le développement et le bien-être social, le pouvoir en place n'a aucune peine à se «mouvoir», même étant handicapé moteur. Il a fini par imposer au pays une régression telle, que c'est le box des accusés qui rend le verdict et s'autorise un sursis de cinq ans.
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Posté Le : 11/03/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Djaffar Tamani
Source : www.elwatan.com