Dans son entreprise de légitimation et de hiérarchisation des genres, la critique littéraire n’a pas épargné le roman policier de ses sentences virulentes. En effet, le polar a été longtemps considéré comme un « mauvais genre » faisant partie de la paralittérature, plus exactement de la littérature « Noire », par opposition à la littérature générale « Blanche ». Ce mépris que recouvre ce genre est sans doute lié à la sclérose qui entoure sa conception, à savoir un enjeu qui tient en un seul mot, celui de « méthode qui est rationnelle, positive, voire scientifique ». Cette obsession de vérité qui se matérialise à travers l’enquête, infecte profondément le texte qui devient une structure fonctionnelle et fermée. C’est en raison de cette rigidité, manque de poésie et pauvreté de la langue que le récit policier a été considéré comme un genre fortement codifié, et que son statut générique s’est vu enfermé dans le ghetto de la sous-littérature. Cette soumission aux conventions fait du roman policier un texte déterminé par un ensemble de traits stéréotypés et figés : la prédominance du narratif, le recours aux clichés, les figures folkloriques stéréotypées (trafiquants, gigolos, maquerelles, caïds, indicateurs) etc.
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Posté Le : 16/09/2022
Posté par : einstein
Ecrit par : - Sadi Naim
Source : الخطاب Volume 9, Numéro 17, Pages 17-40 2014-01-01