Dieu seul sait combien de fois j'ai arpenté les artères de la capitale, croisé des vieux, des jeunes, des enfants, des adolescents, des femmes et des vieilles ; aujourd'hui, je ne reconnais plus personne. Que leur est-il arrivé 'Nerveux ils étaient, ils sont devenus calmes, rassérénés. Agressifs ils furent, affables ils devinrent. Renfrognés, tristes ils paraissaient, souriants, heureux ils sont transformés. Ils ont troqué leur irrespect, leur insolence contre l'amabilité, l'obligeance. Je les croise, ils me regardent, avenants. Je traverse la rue, ils arrêtent leur voiture et, d'un geste de la main, d'une rare élégance, me font signe de passer, le sourire en prime.
Dans ces rues que j'ai foulées sans compter les fois et que je continue à sillonner, pas plus tard qu'hier, avant-hier, je découvre d'autres personnes. La sérénité, l'apaisement, la fraternité, la joie, le bonheur a effacé la tristesse, l'angoisse, le malheur.
Dans le métro, devenu un moyen de transport des plus convoités, les visages des voyageurs sont rayonnants, ils me paraissent, du coup, tous beaux. Assise, j'observe, contemple et me dis : il faut que je me pince.
Puis j'entends une voix douce de deux jeunes filles qui m'arrive du bout de la rame. Elles chantent l'andalou dans un silence religieux.
Elles terminent leur couplet sous des salves d'applaudissements. Non, je ne rêve pas. Ce sont des Algériens qui recouvrent leur être qu'on a voulu réprimer. C'est tout simplement la délivrance. La rahma nezlet, comme diraient nos aînés.
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Posté Le : 09/03/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Naïma Yachir
Source : www.lesoirdalgerie.com