Algérie

Mesure excessive


Il n'y a aucune gloire à retirer l'accréditation à des journalistes. C'est un acte arbitraire qui empêche des reporters de travailler. La mesure des autorités algériennes prises à l'encontre des correspondants de l'Agence France presse (AFP) et de l'agence britannique Reuters est excessive et inacceptable. Il y a d'autres moyens pour rappeler à l'ordre des journalistes auteurs de fausses informations.Le trésor des agences de presse d'importance internationale, comme Reuters et l'AFP, est leur crédibilité. Répercuter des nouvelles non vérifiées ne met pas en sûreté ce trésor.Les journalistes ont été « convoqués » par l'administration qui les a sermonnés. Cela aurait été suffisant si l'on avait pris de la hauteur par rapport aux faits. Mais comme à chaque occasion, on est tombé dans la facilité du discours démagogique. La télévision d'Etat, qui a cessé d'être un média, s'est livrée à un véritable exercice de propagande contre les journalistes étrangers qui, selon elle, « n'aimeraient » pas l'Algérie.Le directeur général de cette télévision était là, au poste, pour donner des leçons de « maître » sur... l'éthique professionnelle aux confrères des agences de presse. Et ce n'est pas une blague. L'ENTV, qui ignore les émeutes, les attentats, les grèves et tous les problèmes des Algériens et qui censure l'opposition, donne des leçons de morale. C'est là une petite image d'un système hors champ, incapable de situer les enjeux actuels liés à la communication. Il n'y a qu'à voir les sites internet des principales institutions de l'Etat. Ils sont d'une nullité et d'une indigence qui malmènent l'image de l'Algérie réelle. La réaction par le démenti ' comme l'ont fait les ministère de l'Intérieur et de la Défense ' est l'expression évidente de l'absence totale de stratégie d'information dans le domaine sécuritaire. La confusion née ces derniers jours autour des attentats est le résultat de cette situation. La maîtrise ' et non pas le contrôle ' de l'information fait partie de la lutte contre le terrorisme. Tenter de cacher des faits aggrave la situation. Informer avec intelligence sur des faits avérés permet de mettre en confiance la population. Il est vrai que l'abus vient parfois des médias qui scrutent tous les détails de ce qui est appelé Al Qaïda au Maghreb, comme si cette organisation était une entité agréée avec siège social ! Aucune prudence n'est prise pour mettre en doute ou prendre de la distance par rapport aux flots d'informations et d'images attribuées à cette organisation qui, à sa manière, fait de la propagande. Il ne s'agit pas de recourir à l'autocensure (qui peut avoir plusieurs formes) ou à la rétention de l'information. Seulement voilà : tout n'est pas diffusable parce que tout doit être soumis rigoureusement à vérification. Les règles professionnelles universelles l'exigent. Cependant, imposer d'autorité l'opacité n'est pas la solution.Le gouvernement algérien, comme tous les autres pouvoirs de la région, ne peut pas retenir par les mains les ondes ou isoler les satellites. Il est impératif donc de s'adapter en considérant la liberté d'expression et la liberté d'opinion comme des principes intouchables, irréversibles, indiscutables. Pour y arriver, il faut se mettre dans une logique démocratique et moderne. Difficile d'affirmer que c'est le cas actuellement en Algérie.
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