Tlemcen - Messali Hadj

Messali Hadj : La période tlemcénienne



Messali Hadj : La période tlemcénienne
Messali Hadj est né 16 mai 1898 à Tlemcen, sous préfecture du département d'Oran. Il était le fils de Hadj Ahmed Messali et de Ftéma Sari Ali Hadj-Eddine. Ftéma appartenait à une famille de sept filles, élevées dans le respect des traditions par son père, un cadi, membre de la confrérie des derqaoua. Plusieurs sœurs de Ftéma s'étaient liées par le mariage aux Belkhodja et aux Bendimered, qui formaient, avec les Benkalfate, des familles de riches commerçants figurant au premier rang des notables de Tlemcen. La famille Messali, d'origine kouloughlie (père turc, mère algérienne) était affiliée à la confrérie des derqaoua. Elle comprenait six enfants (deux garçons et quatre filles) et habitait dans une maison du quartier Bab EI Djiad (la porte des nobles) qui appartenait à la grand-mère, Mama Benkalfate. Les Messali vivaient des revenus modeste de la ferme de Saf-Saf qu'ils partageaient avec les Mamchaoui.

Messali fréquente l'école franco-musulmane Descieux, située dans l'ancien quartier kouloughli, près du Sahridj er-ribat (grand bassin). Le cycle scolaire donné aux Algériens, étalé sur sept ans (6 à 13 ans) se terminait par un certificat d'études spécial. A l'école Descieux, enseignaient plusieurs instituteurs algériens passés par l'école normale de Bouzaréah : Mohamed Bouayed, Ben Abou Mesli, El-Klouch, Mohamed Ben Aboura, Mohamed Ben Smaïl, Si Mostéfa Ben Aboura et des maîtres comme Mohamed Benkalfat, chargés des ateliers d'apprentissage : ébénisterie, travail du cuivre, agriculture.

La scolarité de Hadj est perturbée, car il doit gagner sa vie. Il exerce des petits métiers : apprenti coiffeur, apprenti cordonnier, gardien de magasin puis commis dans une fabrique de tabac, où il apprend à coller des vignettes. Mais l'application de la législation sociale en Algérie entraîne le renvoi de Hadj de la fabrique, car il n’a pas encore 12 ans. Hadj fréquente aussi la zaouïa des Derqaouas, qui tient ses réunions le jeudi et le dimanche et il devient un adepte du cheikh Ben Yellès.

La jeunesse de Messali est marquée par les caractères que prend la colonisation en Oranie : conquête des confins algéro-marocains, du Sahara puis du Maroc, paupérisation de la population indigène du fait de l’appropriation des meilleures terres par les colons et les sociétés, de la perturbation des circuits d'échanges traditionnels, des impôts arabes, de la mise en place d’institutions et de mécanismes de destruction de la société traditionnelle, de la gestion des municipalités par les seuls Européens. Il apparaît alors que la politique de dépersonnalisation des Algériens, couplée à une répression multiforme ne participait pas de la mission civilisatrice de la France, mais de l’intégration de l’Algérie dans les circuits économiques et financiers de la métropole, et de la transformation de la majorité de ses habitants en un large prolétariat. C'était aussi la recherche de soldats, pour la conquête du Maroc et de la guerre de revanche contre l'Allemagne, ce qui provoquera en 1911 « l'exode » d'une partie de la population de Tlemcen en Orient.

En 1912, Hadj retourne à l'école. Élève studieux du cours moyen, Hadj est aussi passionné de football et de sports. Membre de « La Tlemcénienne », il participe à un concours de gymnastique, à Oran, tout en restant un membre assidu de la zaouïa derqaoua.



En 1913, Hadj aide madame Couetoux, une dame âgée chargée de paquets, et il l’accompagne chez elle. Hadj est bien reçu par cette dame et son époux, dentiste, ophtalmologiste et médecin. Hadj revient chaque jour dans cette famille, à la sortie de l’école. Madame Couetoux l’aide dans ses devoirs, l’éduque et le conseille, au point de devenir pour lui « une seconde maman ».

Après un échec au certificat d'études, Hadj est embauché comme garçon épicier chez l'oncle EI­Ghaouti Hadj Eddine. II pratique la gymnastique et il apprend la musique. II dévore aussi chaque jour la presse de Tlemcen, d'Oran, de France et d'Orient (3 à 5 journaux) et des revues, qu'il dépouille avec l'aide de madame Couetoux et de l'instituteur Si Mohamed Bouayed. II analyse les événements, fait des résumés, prend des notes puis il commen­te l'actualité dans sa famille, à la zaouïa et dans trois cercles qu'il anime.

Hadj manifeste un vif intérêt pour l’Empire ottoman, la guerre en Europe et la Révolution russe dont la presse fait grand état (le renversement du régime tsariste, la défaite du gouvernement de Kerenski, le Soviet de Petrograd, la prise du Palais d’hiver par les Bolcheviks, la Révolution d’Octobre et le Traité de paix séparée de Brest-Litovsk). Dans les revues illustrées, Messali a vu des dizaines de portraits de Trotski et de Lénine. Il a pris ainsi la mesure de la for ce d'une révolution sociale, sous la direction d'un parti, forgé dans l'exil par un théoricien comme Lénine.

En deux ans de lecture quotidienne de la presse, Hadj s'est familiarisé avec les problèmes de la diplomatie, de la guerre et du monde ; il a élargi sa culture générale et il possède une bonne formation politique. C'est aussi un bon analyste et un bon orateur.

Mobilisé en 1917, Messali n'est pas envoyé dans les usines ou sur le front mais dans une garnison de Bordeaux où il coule des jours heureux. Il fréquente le théâtre et l'opéra, apprend le chant, la danse et la musique et il s'éprend d'une jeune secrétaire qu'il ne peut épouser pour des motifs religieux. Il reste un lecteur boulimique de la presse et il suit, en auditeur libre, des cours à l'université de Bordeaux. Les allers-retours entre Bordeaux et Tlemcen, la fin de la guerre mondiale, la Révolution d'Octobre qu'il suit avec intérêt, la révolte des marins de la mer Noire, le Congrès de Bakou des peuples de l'Orient, la marche victorieuse de Mustapha Kemal, devenu l'allié de Lénine, la grève générale de 1920 en France et le Congrès de Tours qui marque la naissance du parti communiste, autant d'événements qui marquent Messali.

Démobilisé, il retourne à Tlemcen. Mais refusant la condition de colonisé et d'indigène, déçu par le mouvement réformiste des « Jeunes Algériens » et par l'Emir Khaled, aspiré par les élites francisées et les notables, Messali décide de s'exiler à Paris. Accueilli à bras ouverts par madame Couetoux, il trouve un emploi, fait la connaissance d'Émilie Busquant qui deviendra son épouse et manifeste un vif attrait pour Paris et la vie politique. II se passionne pour le combat mené par le PCF et la CGTU contre la guerre du Rif et de la Syrie et il rencontre Hadj Ali Abdelkader, un Algérien de Relizane, membre du comité central du PCF, dont il devient ami. En 1925, Messali, accompagné de son épouse, se rend à Tlemcen. II établit la liaison entre les cercles de ses amis qui ont maintenu des liens réguliers avec lui et les Algériens de Paris, membres du PCF qu’il fréquente : c’est la première expression du mouvement national algérien. (…)







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