Algérie

Mes amis, mes ennemis...



Mes amis, mes ennemis...
La supplique de Louisa Hanoune au président Bouteflika a quelque chose d'étrange et de pathétique. Quand elle l'a invité, la semaine dernière, à sortir de son mutisme et à s'adresser directement à la nation, son intention était de couper l'herbe sous les pieds aux porte-paroles autoproclamés et donc d'apporter un peu de clarté dans le paysage clair-obscur de l'avant-présidentielle. Autrement dit, elle veut une information de première main et non des hadiths apocryphes nécessairement altérés par une tortueuse chaîne de transmission. L'intention, pour louable qu'elle apparaisse, n'en est pas moins dérisoire. Depuis quand Bouteflika a-t-il répondu à ce genre de sollicitation ' Même quand il était au mieux de sa forme, il n'a jamais accordé le moindre intérêt aux nombreuses et récurrentes interrogations sur ses périodes de silence prolongées. Première institution du pays, la présidence de la République, sous son règne, n'a pas été dotée d'un porte-parole. C'est une option lourde : dire ou ne pas dire, relève de son seul choix. Naturellement, Mme Hanoune n'ignore rien de la manière dont le Président «gère» ses prérogatives, les régaliennes comme d'autres de moindre importance. Ce n'est donc «pas demain la veille» que, à l'appel pressant de la porte-parole du Parti des travailleurs, le Président va condescendre à s'exprimer. Ni même à réagir ne serait-ce que par un banal communiqué ou des confidences instillées à dose homéopathique à quelque visiteur crédible du Palais d'El Mouradia.Visiblement agacée par l'usurpation du «porte-parolat» présidentiel par l'actuel secrétaire général du FLN, Louisa Hanoune a davantage voulu poser un problème, sérieux, qu'interpeller le chef de l'Etat sur un état de la communication, au sommet du pouvoir, soumise à l'influence de vents contraires. De ce point de vue, et si telle est effectivement le but recherché par la vieille opposante qui aurait l'oreille du Président, certaines déclarations à l'emporte-pièce n'ayant d'autre objectif que de lui forcer la main sont en train de desservir sérieusement le probable candidat Bouteflika. En effet, avec des soutiens comme Amar Saïdani, Bouteflika n'a plus rien à craindre de ses opposants à un quatrième mandat s'il lui venait l'idée de le briguer. Qu'on en juge : en l'espace d'un jour, entre mardi et mercredi derniers, le contesté secrétaire général du FLN a d'abord adoubé officiellement Bouteflika en tant que candidat du FLN, avant de rectifier le tir le lendemain dans un exercice sémantique ardu et révélateur du malaise auquel Saïdani est en proie. Comprenne qui voudra : quand le secrétaire général du FLN dit que Bouteflika est le candidat du FLN (dont le président d'honneur est justement Bouteflika), il ne s'exprime pas au nom du même Bouteflika -et donc ne l'engage pas '-, mais en son nom propre et en sa qualité de responsable N° 1 du vieux parti. Dans une contorsion pitoyable, l'ancien président des comités de soutien de Bouteflika, croit avoir définitivement levé l'ambiguïté en affirmant que si son parti a fait le choix du candidat, il reviendra à ce dernier, au moment qu'il choisira, d'en faire l'annonce.«Mon Dieu, préservez-moi de mes amis, mes ennemis, je m'en charge», énonce un vieux dicton. C'est le cas de le dire, dans l'entourage du Président sortant, ce qui filtre d'intentions ou supposées telles entretient le flou sans conforter l'image de marque de l'homme. Désavoué sur le projet de révision constitutionnelle qu'il promettait pour avant la présidentielle, Saïdani continue de faire et d'agir comme s'il prenait ses instructions directement chez le Président. Rien ne le prouve. Ou plutôt si, l'épisode du projet de révision de la Constitution est une éloquente preuve a contrario.A. S.




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