Merkel prône le refoulemen

Tiraillée entre son engagement d'accueillir près de 1,1 million de migrants et la montée au créneau de l'extrémisme, voire une contestation grandissante y compris dans sa propre famille politique, Angela Merkel redoute une implosion sociale provoquée par les remous vécus dans la société en ébullition. Dans un face-à-face périlleux, les partisans et les opposants à la politique d'ouverture. L'image d'Epinal montrant les Allemands accueillant avec des roses le peuple des réfugiés a été écornée par les épines de l'intolérance véhiculée par la multiplication des attaques contre les centres pour demandeurs d'asile. La ville de Leipzig, rangée en camps irréductibles, est l'expression concrète des divisions ancrées dans la société exacerbées par les récentes violences massives de la nuit du Nouvel An à Cologne et les représailles ciblant la communauté des migrants.Elle a été traversée de part et d'autre par les sympathisants du mouvement xénophobe, Pegida, mobilisant 2.500 à 3.400 personnes, et les animateurs de la « chaîne de lumière » rassemblant 2.500 à 2.900 membres de la coalition de partis politiques, de syndicats, d'associations professionnelles et culturelles. Cette situation explosive a amené les forces de l'ordre à déployer d'importants effectifs pour empêcher le croisement des deux cortèges et éviter en conséquence le pire.Les manifestations ont certes pris fin sans incident majeur. Mais, un groupe de 250 casseurs masqués a sévi dans le quartier Connewitz, connu pour être un fief de la gauche, saccageant les vitrines à coups de pierre et des immeubles prenant feu. Des militants de gauche se sont, de leur côté, attaqués au bus affrété par l'extrême droite. A Potsdam (Brandebourg, est), des militants d'extrême droite et des policiers en sont venus aux mains, dans la nuit de dimanche à lundi. Sept policiers ont été blessés, selon l'agence DPA. A Cologne, lors d'un rassemblement de Pegida, quelque 221 d'extrême droite ont été interpellés pour avoir participé aux incendies des véhicules et à la destruction des magasins.La fracture s'élargit entre l'Allemagne de la solidarité avec les migrants et l'Allemagne xénophobe, dans une conjoncture marquée, selon des sondages, par la montée de la violence, la hausse des délits et des crimes attribués à l'extrême droite. Sous le poids de l'afflux massif des migrants et la criante des représailles, la chancelière Angela Merkel prône un infléchissement de la politique d'ouverture aux migrants dont la décision de facilitation de la procédure d'expulsion des demandeurs d'asile enfreignant la loi est assez révélateur du recul observé. Le chemin de retour est pris par un nombre croissant de migrants cherchant à gagner la Scandinavie.Ils sont refoulés d'Allemagne vers l'Autriche. « Le nombre quotidien de migrants refoulés est passé de 60 en décembre à 200 depuis le début de l'année », selon David Furtner, porte-parole de la police de Haute-Autriche. Les frontières européennes se ferment. Le durcissement des conditions d'entrée posées par les autorités allemandes coïncide avec la mise en place de contrôles stricts par la Suède et le Danemark à leurs frontières.