Algérie

Résumé : M'hamed récupère de son intervention. Meriem ne le quitte presque plus et s'occupe de lui comme on ne l'a jamais fait jusque-là. Il ressent sa tendresse et son amour. Parfois il repense aussi à ses parents adoptifs qui l'ont élevé et éduqué. Contre toute attente, Meriem lui demande de l'appeler maman.Ses yeux s'embuent, et de longues larmes coulent sur ses joues. Meriem se détourne pour qu'il ne remarque pas les siennes. Elle fait semblant de remettre un peu d'ordre dans la chambre, met les restes du déjeuner dans un panier, puis ouvre un peu la fenêtre pour aérer les lieux. Elle revient ensuite vers M'hamed et lui murmure :
- Essaye de dormir un peu, mon chéri.
- Oui. Je vais essayer. Heu... Et khalti Taos, comment va-t-elle '
Meriem renifle, s'essuit les yeux, puis ébauche un sourire.
- Aussi bien qu'on puisse l'être à son âge après un déluge. Elle a fait des siennes aujourd'hui aussi et a refusé de manger. Elle veut à tout prix se lever et danser, alors qu'on l'a justement attachée à son lit pour qu'elle ne bouge pas trop. J'ai beau tenter de la raisonner, rien à faire, elle devient de plus en plus capricieuse.
- Dès qu'on me le permettra, j'irai la voir.
- Oui. Je suis certaine qu'elle sera heureuse de te revoir. Tu pourras peut-être nous aider à la rappeler à l'ordre.
Il ferme les yeux puis les rouvre, en se demandant encore une fois s'il n'était pas en train de rêver.
- Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour lui remonter le moral et hâter sa guérison. C'est grâce à elle que je revis.
- Non. C'est plutôt le contraire. C'est grâce à toi qu'elle revit.
Il garde le silence un moment. Les mots, les phrases, les expressions lui échappent. Il ne sait plus quoi dire, ni quoi faire. Ni l'endroit ni les circonstances ne jouent en sa faveur pour lui permettre de dire tout ce qu'il a sur le c?ur à cette jeune et jolie femme qui se trouve être sa mère. Elle lui avait tant manqué ! Tant manqué !
Sa main caressante repasse sur son front.
- Je te laisse te reposer. À ce soir, mon chéri.
M'hamed la suit des yeux. Elle quitte les lieux, en laissant des effluves de parfum derrière elle. Ce parfum, il le reconnaîtra parmi des milliers d'autres. Un parfum suave et léger, qui vient titiller ses narines à chaque fois qu'elle se penche sur lui. Il aspire un bon coup et se dit qu'il pourrait s'endormir des heures durant, puis se réveiller pour retrouver la même senteur. Une senteur qu'il ne pourra jamais oublier. Enfin, la fatigue aura raison de sa résistance, et il sombre dans un sommeil bienfaisant.
Quelques semaines passent. Taos et M'hamed ont quitté l'hôpital pour se retrouver chez Hakim et Meriem. Cette dernière s'occupe des deux opérés sans se lasser. Elle va de l'un à l'autre, leur demande ce qu'ils voudraient manger, s'ils se sentent mieux, et les aide tous les matins à faire quelques pas dans la maison. Le jeune homme reprend pied rapidement. Mais, comme on s'y attendait, Taos mettra plus de temps. Néanmoins, elle ne rechigne plus pour avaler son bol de soupe ou manger sa viande. Kamel et Malek accourent dans sa chambre dès leur retour de l'école. Ils ont apprécie aussi M'hamed, que leur mère leur a présenté comme leur frère aîné. Elle n'a toutefois pas pu leur expliquer d'où il vient ni pourquoi il les attendait autrefois à leur sortie de l'école pour les importuner. Encore trop jeunes pour s'encombrer d'une affaire qui les dépasse, les deux garçons se contentent de suivre les conseils de leur mère pour s'approcher de lui, le côtoyer et même lui demander de les aider à faire leurs devoirs scolaires. Chose qu'il fait de très bon c?ur. Hakim, de son côté, s'est attaché au jeune homme. Il a surtout apprécié ses qualités humaines et son intelligences. Quelquefois, ils entament ensemble de longues parties d'échecs ou d'autres jeux de société. Les deux hommes se retrouvent alors sur le terrain d'une
rude compétition.
Un jour, M'hamed manifeste le désir de se rendre au bled pour voir ses parents adoptifs. Un peu nostalgique, il dévoile à Meriem que Tahar et Yamina ont jusque-là veillé sur lui et lui ont donné toute leur affection et leur tendresse. Ce sont eux qui l'ont élevé et il leur doit une fière chandelle aujourd'hui. C'est aussi grâce à leur soutien qu'il a pu faire des études et arriver à l'université. Ne serait-il pas ingrat s'il leur tournait le dos maintenant qu'il a retrouvé sa véritable génitrice ' Meriem a écouté son fils jusqu'au bout. Elle comprend ses motivations et s'incline devant ses désirs.
Cependant, à l'évocation de ses parents adoptifs, elle a ressenti un pincement au c?ur. M'hamed est son fils. Maintenant qu'elle l'a retrouvé, elle ne veut plus le perdre. Tahar et Yamina pourraient-ils comprendre cela '

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