MERIEM

Résumé : La compatibilité de M'hamed à donner un rein à Taos se confirme. Il est le seul qui pourrait la sauver et n'hésite pas une seconde. Dans deux années, il terminera ses études supérieures. Si d'ici là Meriem ne le reconnaît pas comme son fils, il quittera définitivement le pays.Une forte odeur d'éther et d'alcool règne dans la chambre lorsqu'il reprend connaissance. Il relève les paupières, mais ne peut les retenir ouvertes. Il a encore sommeil et se demande où il se trouve et pourquoi on tente de le réveiller. Mais une lumière blanche l'aveugle. Il tire sur sa main qui ne veut pas lui obéir. Il est attaché. Cette évidence provoque en lui un désarroi sans pareil. Pourquoi l'avait-on attaché ' Et qui l'avait attaché ' Il tente encore d'ouvrir les yeux. Cette fois-ci, il constate une forme penchée au-dessus de sa tête. Après quelques secondes, il reconnaît la blouse blanche d'un médecin. Il est à l'hôpital ! Que s'est-il donc passé ' A-t-il eu un accident ' Il referme les paupières et s'apprête encore à sombrer dans un sommeil profond.
Une voix lui parvient de très loin :
- M'hamed... M'hamed, réveille-toi donc.
La voix est douce et très belle. C'est une voix de femme. Une femme qui devrait être jeune et belle, se dit-il.
Il ouvre un ?il, puis l'autre. Une image encore floue se présente à lui. Petit à petit, le voile commence à se dissiper. M'hamed reprend pied et sent une légère douleur dans son dos. En fait, il est couché sur le côté, et sa main gauche est reliée à des flacons ; c'est pour cela qu'il n'arrive pas à la bouger. L'autre main est plutôt ankylosée. Tout à coup tout lui revient. Il est à l'hôpital et vient de subir une lourde intervention. Taos ! Il se rappelle d'elle et s'agite. Est-elle tirée d'affaire ' Une main apaisante se pose sur lui.
- M'hamed. Enfin tu es là !
Il rencontre le regard compatissant du chirurgien qui venait de l'opérer, puis celui d'une femme. Une femme qui a gardé sa main dans la sienne et le contemple d'un air tendre et maternel. C'était... C'était Meriem !
Il déglutit et sent immédiatement une brûlure au niveau de la gorge. Il veut crier, mais aucun son ne sort de sa bouche et sa langue collée à son palais refuse de remuer.
- Mon fils... Mon fils, ne cessait de répéter Meriem. Mon pauvre fils. Pourras-tu pardonner un jour mon erreur '
Il aurait aimé pouvoir lui répondre et lui dire qu'il l'aime et la respecte et qu'elle n'est aucunement fautive dans ce qu'il a subi.
Comme si elle lisait dans ses pensées, Meriem se penche sur lui et chuchote :
- Ne dis rien. Tu es encore trop faible pour parler. Mais désormais, nous aurons tout le loisir de nous confier l'un à l'autre. Dès que les médecins le permettront je t'emmenerai à la maison.
Et Taos ' La question ne cesse de le tarauder. Meriem reprend :
- Ma belle-mère est encore en réanimation. Tout comme toi. Mais, selon le chirurgien, elle est vraisemblablement tirée d'affaire. C'est d'ailleurs grâce à toi, mon chéri.
Il sent un soulagement envahir son être et deux larmes s'échappent de ses yeux. Son sacrifice n'a pas été vain, la vieille dame pourra encore vivre de longues années auprès d'eux. Mais... mais comment Meriem avait-elle appris la vérité à son sujet ' Il cligne des yeux et lui lance un regard interrogateur. Sa mère passe une main caressante sur sa tête avant de lancer :
- Taos m'a tout raconté juste avant qu'on l'emmène au bloc. Elle craignait de trépasser et d'emporter le secret avec elle dans la tombe. Elle appréhendait en particulier que tu ne t'évapores dans la nature après l'intervention. Je n'aurais donc jamais su que tu étais mon fils et le sauveteur de ma chère belle-mère. Hakim, mon mari, et moi te serons reconnaissants jusqu'à la fin de nos jours.
Elle se lève et poursuit :
- Je sens que je serai capable d'aller jusqu'au bout du monde pour te retrouver si tu t'amuses à t'enfuir. Maintenant que je connais ton existence et tes motivations, je ne vais plus lésiner sur les moyens pour te permettre de mener une vie digne et exempte de tout aléa.

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