Résumé : On ramène Meriem à la maison, où elle est prise en charge par Taos qui veille sur elle. Houria a refusé de déposer une plainte. Vigilante, Taos donne une autre version de l'accident et met, de ce fait, terme aux spéculations du voisinage.Taos est donc chargée de faire face à toutes les corvées et surtout aux insinuations à peine voilées des femmes du village. Cependant, comme elle a du caractère, on l'écoute volontiers, et elle a vite fait de remettre les pendules à l'heure.
Omar et Hakim, de leur côté, tentent de mettre du baume sur les blessures tant physiques que psychiques de leur amie. Ils passent de longues heures chaque soir à son chevet, lui lisent des histoires, lui racontent ce qui se passe au village et, surtout, ne font jamais allusion à ce qui lui est arrivé.
Hakim est le plus sensible et le plus triste des deux. Il ne quitte jamais la maison sans lui demander s'il peut faire quelque chose qui pourrait la soulager et accélérer sa guérison. Meriem ébauche alors un sourire triste et secoue la tête. Parfois,
lorsqu'elle se retrouve seule, elle donne libre cours à son chagrin et verse de chaudes larmes. Elle repense à son père qui se trouve à Paris et qui doit attendre son retour. Elle sait par Taos qu'on l'a prévenu de la prolongation de ses vacances. Va-t-il les croire ' Il est trop intelligent pour se contenter de ces "absurdes" explications, alors qu'il sait que sa fille attache une grande importance à ses études et n'aime pas rater ses cours, d'autant plus qu'elle prépare son bac. Comment va-t-elle donc lui expliquer ce brusque engouement pour ces vacances au bled ' Elle se pose ces questions et tente d'anticiper sur celles de son paternel afin de préparer des réponses logiques. Surtout, qu'il n'apprenne rien sur ce qui s'est réellement passé, car, à n'en pas douter, il tuerait Houria. Que vont-ils alors devenir, elle-même et le petit Aïssa '
Ce dernier s'attache à elle et passe beaucoup de temps à courir et à jouer auprès d'elle. Mais lorsqu'il y a du monde, Houria, qui craint le mauvais ?il, le retient dans sa chambre.
Deux semaines passent encore. Meriem se sent un peu mieux et se lève pour faire quelques pas dans la maison. Ses cicatrices se referment et sa jambe la fait moins souffrir. Son épaule se remet en place. Elle est redescendue à la polyclinique pour revoir son médecin, qui lui assure que dans quelques jours elle pourra rentrer en France sans trop de mal.
Daouia et Taos, qui l'ont accompagnée, poussent un soupir de soulagement lorsqu'elle leur apprend qu'elle peut enfin penser à son retour. Mais, sans vouloir trop le faire paraître, Taos est sérieusement inquiète pour elle. Une fille qui a subi l'humiliation d'un viol ne se remettrait pas aussi rapidement de ses blessures morales. Elle passe une main protectrice sur son épaule et l'exhorte à remonter dans la charrette conduite par Ali, afin de rentrer à la maison. Houria les attend au portail de la ferme. Elle remarque l'air anxieux de Taos, mais n'ose pas poser trop de questions devant Daouia, qu'elle ne porte pas dans son c?ur et qu'elle n'aime pas voir dans la maison, sauf dans des cas exceptionnels, comme aujourd'hui. Taos lui a fait appel pour l'accompagner à la polyclinique dans la charrette d'Ali. Daouia prend immédiatement congé et rentre avec son mari, alors que Meriem, appuyée au bras de Taos, s'allonge sur le canapé du salon. Houria met ses mains sur les hanches et demande :
- Alors ' Qu'a dit le médecin '
- Rien. Il trouve que Meriem se remet mais qu'elle est encore trop faible pour voyager.
- Trop faible ' Ma foi, je trouve qu'elle a meilleure mine ces derniers temps. Son appétit est revenu, et elle ne semble pas du tout malade.
Taos secoue la tête.
- Meriem ne souffre pas que de blessures physiques.
Houria hausse les épaules.
- Allons donc. À son âge, on oublie vite.
- Pas dans son cas. Une fille atteinte dans sa chair et dans son honneur est traumatisée à vie.
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Posté Le : 09/09/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yasmina HANANE
Source : www.liberte-algerie.com