Algérie


Résumé : Saïd suggère à son beau-frère de mettre fin à son deuil. Qui devrait donc s'occuper de Meriem ' Mais Amar, trop affligé, ne voit pas les choses de la même manière. C'est décidé. Il va quitter le village et s'installer en France. Saïd tente de l'en dissuader. Avait-il réussi lui-même en France 'Saïd soupire.
- Pas comme je l'espérais, mais j'ai un travail et je ne me plains pas trop des contraintes.
- Des contraintes '
- Oui. Ne crois pas que tout roule comme on le veut là-bas. Nous vivons parfois des situations qui nous dépassent, mais nous tentons de résister.
- Tu ne parlais pas de tes ennuis lorsque tu rentrais chez tes parents chaque année avec des valises pleines et des cadeaux pour tout le monde.
- C'était surtout par fierté. Je ne voulais pas que mon père me reproche mon coup de tête et mon échec. J'ai dû serrer la ceinture jusqu'au dernier trou pour envoyer chaque mois un mandat. Il pensait que je vivais comme un pacha.
Amar prend une goulée d'air.
- La fierté masculine ! Les hommes doivent trimer sans se plaindre et démontrer qu'ils sont capables de venir à bout de tous les ennuis. C'est faux, mon frère. C'est faux. Et puis maintenant tu as une famille !
Saïd hoche la tête.
- Mon père n'a jamais su que je vivais maritalement avec une Française, que j'ai épousée ensuite en secret. Et à chaque fois que je rentrais au bled, je craignais qu'il ne m'impose une femme de son choix. D'ailleurs, ma mère ne cessait pas de me harceler à ce sujet.
- Et tu as toujours su éviter cette éventualité '
- De justesse. Rappelle-toi donc, lors de mon dernier voyage avant le décès de mon père, on m'avait
présenté la fille d'un ancien voisin. Ma mère l'avait ramenée à la maison pour l'aider dans les travaux ménagers dans le seul but de me la
présenter.
- En effet. Mais tu es reparti très vite en France sans donner de suite à cette proposition, et juste après Ammi Aïssa est décédé.
Saïd se tut. La vie réserve parfois de très mauvaises surprises. Amar se gratte la tête et demande :
- Tu repars quand '
- Dans une semaine.
- Je vais préparer mes papiers, et je te rejoindrai le plus tôt possible. Heu... Dans l'intervalle, tente de me trouver quelque chose.
- Je vais en parler à Monique. C'est elle qui pourra t'aider le plus.
- Hum... Est-ce que... Est-ce que tu pourras m'héberger dans un
premier temps '
Saïd lui donne une tape sur l'épaule.
- Quelle question ! Chez qui vas-tu donc te rendre, si tu ne viens pas chez moi, mon cher beau-frère ' Je t'offrirai le gîte et le couvert, jusqu'à ce que tu trouves du travail.
Amar rentre enfin à la maison pour prendre une douche et se raser. On dirait que l'opportunité de partir sous d'autres cieux avait enfin effacé sa tristesse. Il reprend goût à la vie et s'occupe de ses affaires. Il hypothèque ses champs pour quelques années et vend les terres dont il n'avait pas besoin. Puis il propose à la vieille tante de venir habiter dans sa maison pour s'occuper de la petite Meriem. Une fois ses papiers en poche, il prépare sa valise et prend le premier bateau en partance vers Marseille, en compagnie de quelques émigrés qui rentraient de leurs vacances. Grâce à eux, il comprend qu'il faudra encore prendre le train pour arriver à Paris. Saïd l'attend à la gare. Il le serre chaleureusement dans ses bras, avant de l'emmener chez lui. Monique, sa femme, travaillait, et ils eurent le loisir de discuter longuement entre eux.
Quelques jours passent. Amar découvre la capitale française et ses merveilles. Mais il veut travailler pour s'occuper l'esprit et, surtout, pour se rassurer. Il avait quitté son village pour une vie meilleure, et il n'aimerait pas devenir la risée de ses ennemis.

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