Algérie


Résumé : Aïcha perd le goût de vivre et sombre dans la mélancolie. Elle dépérit de jour en jour et finit par mourir de chagrin. Amar est inconsolable. Des jours durant, il refusera de se nourrir. Il ne pouvait plus vivre dans la maison qui avait connu son bonheur. Son beau-frère Saïd tente de le consoler.Amar hoche la tête.
- Je pensais justement à Meriem. Pauvre petite. Elle est orpheline et sans personne pour la border la nuit, ou lui préparer sa soupe, ou lui chanter des berceuses ou...
- Tu es là toi justement, l'interrompt Saïd. C'est pour elle que tu devrais te ressaisir. Elle aura du mal à te reconnaître avec tes vêtements débraillés, tes cheveux en broussaille et ta barbe. Allons, rentrons. Nous serions plus à l'aise à la maison pour discuter et mettre aussi quelques affaires au point. Tu sais bien que je dois rentrer en France dans quelques jours.
Amar sursaute.
- Déjà, Saïd '
- Comment ça déjà ' Cela fait deux mois que je suis parmi vous. N'oublie pas que je dois reprendre mon travail.
- Deux mois ' Cela fait aussi longtemps que Aïcha n'est plus là '
- Oui, cela fait deux mois et quelques jours que ma pauvre s?ur nous a quittés et déjà une année depuis que ma mère a rejoint mon père dans la tombe, alors qu'on venait d'enterrer ce dernier quelques mois auparavant.
Amar soupire encore.
- C'était la série funèbre.
- Que veux-tu ' Le Très-Haut l'avait décidé, on n'y peut rien.
- Je ne sais plus quoi faire, Saïd. Je me sens perdu. Perdu comme je ne l'ai jamais été.
- Je te comprends amplement. Mais le temps se chargera de te faire oublier cette mauvaise passe que tu viens de vivre. Bientôt tu
rejoindras tes champs, et la vie continuera.
- Non, je ne le pense pas. Je n'ai plus le courage de faire quoi que ce soit.
- Allons donc, Amar, ce n'est pas un homme comme toi qui va flancher.
- Et pourtant c'est le cas.
Il se retourne vers son beau-frère et lance d'une voix tremblante :
- Saïd, je veux partir avec toi en France.
L'homme demeure interdit un moment avant de répondre :
- C'est sûrement ton chagrin qui te pousse à fuir le village.
- Je veux partir d'ici. Plus rien ne me retient dans ces lieux qui désormais me rappelleront de mauvais souvenirs.
Saïd soupire.
- Je te comprends, mon cher beau-frère. Seulement as-tu mesuré les conséquences d'un départ aussi hâtif '
- Oui, c'est tout réfléchi. Je suis décidé à quitter le village.
- Et Meriem, tu vas l'abandonner '
- Non, je ne l'abandonnerai pas. Dans un premier temps elle va rester chez la vieille tante. Puis j'aviserai. Je dois tout d'abord organiser ma vie, et un enfant ne fera que me freiner dans mes projets.
- Comment vas-tu faire donc '
- Je vais vendre quelques terres infertiles. La somme que j'en tirerai me permettra de subsister quelque temps.
Il relève les yeux vers Saïd et poursuit :
- Peux-tu m'aider à trouver du travail '
Saïd hésite une seconde, puis lance :
- Ce n'est pas chose aisée que de dénicher un boulot en France par les temps qui courent, mais je ferai de mon mieux. Je te demande de réfléchir encore, Amar. Ici, au bled, tu gagnes bien ta vie.
- Toi aussi tu pouvais bien gagner ta vie ici au village, pourquoi es-tu donc parti '
Saïd hausse les épaules.
- Au début, c'était juste une aventure. J'entendais tellement parler de l'Hexagone et de ses merveilles par nos émigrés que je voulais tenter ma chance moi aussi.
- Et tu as réussi '

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