«Merci, la douane»

Gratitude ? «Il faut remercier les services des douanes. Ils ouvrent régulièrement des postes de travail pour nous.?Au total, la douane a recruté une vingtaine, parmi nous.»C'est ce que les non voyants nous ont demandé de transmettre. Dans leur siège à la Casbah, à Alger, nous avons pris contact avec eux pour la première fois. Ils ont accepté de nous parler à c?ur ouvert. C'est dans cet endroit que se trouve le dortoir de l'Union des aveugles, dont l'existence remonte à 1940. Azzedine, 43 ans, père d'un enfant, est standardiste, à la marie. Solidaire avec ses semblables, il a commencé par nous apprendre que «par rapport aux années 90 et le début des années 2000, le travail pour les non-voyants devient de plus en plus difficile.» «Les non-voyants qui ont eu la chance de décrocher un poste de travail, exercent soit comme standardistes, soit au niveau des services de la radiologie, à l'hôpital» «En 1994, l'Etat par le biais de Djamel Ould Abbès, nous a dit qu'il n'en avait rien à faire avec notre production». A El-Harrach, des non voyants occupent l'unité de l'Onabros pour que l'Etat ne récupère pas le siège, car, estiment-ils,« il s'agit d'un bien de l'union et non de l'Etat.» A l'avenir, prévoit-il, «les non-voyants qui n'ont pas un diplôme, vivront dans le chômage.» Actuellement, la plupart des non-voyants assurent leur quotidien en mendiant. «Que peut-on faire avec une aide sociale de 3 000 dinars?'», s'interroge-t-il. Azzedine ne veut plus qu'on le désigne comme étant «une personne aux besoins spécifiques.» sur cette appellation, il s'interroge : «Que veut dire besoins spécifiques?'» «Ils se foutent de nous», tranche-t-il. Et de s'interroger de nouveau?: «Peut-on mettre un malade mental, un sourd-muet, un non voyant sur le même plan?'» Azzedine fait une distinction entre deux catégories d'aveugles?:?«Même celui qui perd la vue, à la vieillesse, on le considère comme un non-voyant?!» C'est une «khalouta» (un pêle-mêle).?«Nous, on veut être classé dans la catégorie des aveugles.?Avez-vous vu un aveugle qui s'est lié d'amitié à un sourd-muet?'...Jamais?!» Convaincu, il récite un verset coranique où les non-voyants sont désignés comme étant «aveugles». «Pourquoi les journalistes ne parlent pas des non-voyants qui sont devenus avocats, notaires... Les journalistes ne voient que le côté négatif de la chose». D'un geste habile, il fit sortir son mobile?: «Je suis comme vous?!» Et il démontre qu'il est capable de rédiger un court message?: «Pour». Ensuite, il compose un numéro. «Je fais ce que vous faites».