Chaque jour, quelqu'un ou quelque chose me rappelle que je suis chez moi. Bienvenue en Absurdistan
Pas besoin de statistiques ni d'études pour démontrer l'évidence du grand souk national. Bien avant que l'office qui nous recompte tous les 10 ans ne le découvre, le commerce reste l'activité vitale au bled. La mutation architecturale des façades faites de sinistres suites interminables de rideaux métalliques meublant tous les rez-de-chaussée des bâtisses cubiques en béton armé, ces tombes de la vie d'ici-bas selon la métaphore de la vox populi, exprime la tendance devenue quasi-innée de l'aspiration populaire. Le commerce, cette passerelle vers la réussite sociale qui mesure précisément le statut dans la hiérarchie sociale d'une société qui a éperdument oublié la production au profit de la consommation. Et les valeurs morales avec. La vieille épicerie héritée de père en fils, la petite boutique exiguë, le hangar déclaré et autre entrepôt dûment enregistré ne se distinguent plus parmi ce vaste bazar abrité et à ciel ouvert par l'activité informelle proliférant à la marge de la loi et du fisc, voire du halal. Les étals, les commerces à la sauvette et les marchés spontanés fleurissent spontanément partout. Effets vestimentaires griffés et contrefaits, téléphones portables d'origine douteuse, gadgets et petits matériels électroménagers souvent contrefaits, produits alimentaires non contrôlés, pour ne citer que ceux-là, font le bonheur de milliers de petits revendeurs improvisés et du busines offshore qui émerge à perte de vue. Sans risque de se tromper, il est permis de croire que tous les sujets en ce bled ont quelque chose à vendre et que tous sont en quête d'achets. En tous les cas, un seul état d'esprit prédomine : tout s'achète et tout se vend ! Tout l'éventail de produits et de styles y trouve acquéreurs, pour le plus grand bonheur de la production made in là-bas, dont les affairistes de l'Import-Import apprécient l'appétit consumériste des Algériens. Faut-il donc s'étonner par la prolifération cryptogamique des intermédiaires dans la production agricole, qui mettent le feu sur les étals des fruits et légumes ' Ô que non ! Dans ce souk pas loyal, le pauvre dindon de la farce se soumet à la dictature des approvisionnements, maillon le plus précaire d'un engrenage qui profite totalement aux générations conquérantes des nouveaux mercantis. Ces générations spontanées qui ont fait de l'Algérie le territoire des comptoirs et des bazars où se déversent les marchandises made in là-bas contre le baril d'ici. Vendre ce que les autres produisent en payant avec l'argent d'une ressource qui ne se renouvelle pas est, ne peut fondre la base d'une économie solide. Jusqu'à présent, le tuyau fournit à Maman l'Etat les moyens pour que ses sujets continuent à commercer en rond. Vaguant et voguant à vue sans stratégie créatrice de richesses, l'économie de Maman qui n'existe pas bénéficie avant tout à nos Haj mercantis et à leurs fournisseurs d'ici et d'ailleurs. Heureux avenir tant que le pétrole coule !
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 14/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M O T
Source : www.reflexiondz.net