Quand les bruits de couloir ne sont plus audibles, nous nous faisons un
plaisir de vous les faire parvenir. Musique.
Comme nous vous le rapportions ces dernières semaines dans la présente
chronique, de sérieux soubresauts politiques secouent la maison commune Europe.
Ce ne sont pas de simples désaccords circonstanciels dus à la façon de gérer la
crise financière et économique qu'elle vit, mais ce sont des oppositions et
contradictions doctrinales qui apparaissent et s'aiguisent de plus en plus,
jusqu'à remettre en cause «la qualité et le statut» d'Etat membre de l'UE à
certains de ses membres. Ces doutes et reniements sur la capacité de tel ou tel
Etat membre à assumer son appartenance à l'Union concernent, particulièrement,
certains Etats d'Europe de l'est qui ont rejoint la famille européenne en 2004
et 2007. Ainsi, à la veille de sa présidence tournante de l'Union ce 1er
janvier 2011, la Hongrie subit une série d'attaques et d'interrogations sur sa
capacité à diriger les affaires communes de l'Europe pour les six mois à venir.
Quand bien même ces attaques émanent de structures dites «indépendantes»,
telles les agences de notation et autres centres de recherches académiques,
elles ne reflètent pas moins ce qu'en pensent et laissent entendre diplomates,
ministres et chefs d'Etat dans les coulisses européennes. Pour preuve, les
déclarations tonitruantes des plus hauts responsables hongrois sur leur volonté
de mener, sans complexes et sans concessions, leur mandat à la tête de l'Union
(confer Coulisses de l'Europe du 25 décembre). Et les responsables hongrois ont
toutes les raisons de «s'énerver» parce que cela a commencé dès le 6 décembre,
lorsque l'agence de notation Moody a rétrogradé la note de la Hongrie de deux
points, la faisant passer de la note Baa1 à Baa2.
Fitch ratings, l'autre agence
internationale de notation a également revu à la baisse la «crédibilité»
hongroise. Ce qui est étonnant dans cette appréciation du «risque» hongrois,
alors que le pays affiche le meilleur équilibre budgétaire de l'Union. 3,8% de
déficit et près de 80% d'endettement par rapport à son PIB, c'est dire ce à
quoi tendent d'arriver les «grands» pays de l'Union tels l'Allemagne, la France
ou le Royaume-Uni à la fin 2011. Par ailleurs, la Hongrie, ne faisant pas
encore partie de la zone euro (17 pays au 1er janvier 2011), n'est pas soumise
aux mesures drastiques des plans d'austérité financière, du moins dans les
conditions qui lient ceux de la zone euro. La rétrogradation de la note
hongroise par les agences de notation a son explication ailleurs. La Hongrie
avait bénéficié en 2008, lors de la première vague due à la crise financière
internationale, d'un prêt conjoint du FMI et de l'UE d'un montant de 26,12
millions d'euros (pas milliards).
Depuis, certaines sources à Bruxelles
affirment que la Hongrie négocie actuellement auprès du FMI un prêt, cette
fois-ci de 25 milliards de dollars et que le FMI aurait suspendu. Ce que
démentent, bien entendu, les autorités hongroises qui déclarent ne jamais avoir
sollicité, officiellement, un tel prêt. En revanche, elles confirment qu'elles
prendront, en cas de nécessité, des mesures nationales souveraines pour
protéger leur marché et économie. En termes clairs, la Hongrie est prête à
instaurer de nouvelles taxes, impôts et autres règlements sur les produits
importés, comme sur les entreprises étrangères installées chez elle. Autre
complication qui s'annonce pour la cohésion des politiques de l'Union, celle de
la révision du Traité constitutionnel de Lisbonne qui demande l'unanimité des 27
Etats membres. Cette révision est capitale tant elle conditionne la mise en
place au 1er semestre 2011 du «Mécanisme de surveillance et de stabilité» qui
concerne, d'abord les 17 pays de la zone euro. Si ce Mécanisme a été voulu et
conçu par les pays de la zone euro, il ne peut se concevoir sans la
participation et l'aval des 10 autres pays de l'Union. La mise en place des
politiques communes implique l'ensemble des pays de l'Union.
Aussi, la responsabilité et le
sens du «compromis» qui ont prévalu jusqu'alors dans la construction européenne
sont vraiment mis à mal avec ces attaques en règle contre la Hongrie à la
veille de sa prise de fonction dans la conduite des affaires familiales de
l'Union. Et ce ne sont pas que des «analyses d'observateurs», puisque pas moins
de 15 grosses entreprises européennes viennent de déposer une plainte auprès de
la Commission européenne contre le régime fiscal et douanier hongrois,
l'accusant de porter atteinte à leurs intérêts et à la législation européenne.
Ce sont pour la plupart des entreprises à caractère multinational allemande,
autrichienne, britanniques, italiennes, telles la Deutsche Telecom, AEgon,
Allianz SE, ING groupe, E.ON, etc. C'est dire combien l'année 2011 s'ouvre dans
un climat politique tendu au sein de la famille européenne, alors que s'annonce
au niveau international une seconde onde de choc financier.
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Posté Le : 02/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com