Algérie

Mentalités corrompues'



Depuis que le mouvement de contestations a été mis en branle, on semble découvrir un phénomène nommé corruption au sein de notre société et de nos institutions. Omniprésente, elle serait l'utilisation abusive d'un pouvoir reçu par délégation à des fins privées. L'absence de considération envers l'intérêt général, la moralité, le respect des règles du jeu et des droits d'autrui, y serait le principal dénominateur commun. Mais, bon sang de bonsoir, on le sait déjà et on l'a toujours su, ne serait-ce que devant l'enrichissement personnel, en flèche, d'un agent public, d'un élu, d'un magistrat, d'un arbitre de foot ou encore d'un salarié d'entreprise. Ça n'est malheureusement pas nouveau, du moment où tout s'achète et tout se vend?Des loups corrupteurs ou corrompus resteront sur leur faim, tandis que les citoyens, pas du tout carnivores, continueront joyeusement à s'entre-dévorer. En fait, c'est une duperie générale où chacun joue son rôle en profitant, plus ou moins, de la chose, ou en la dénonçant pour le ?fun'. Reste que dénoncer est une chose, alors qu'agir en est une autre? Et lorsque les affaires louches éclatent lors de procès ou de scandales avérés, il est bien sûr très difficile de mesurer le véritable niveau de gangrène, car il y aura toujours un pan de filouteries, de malversations savamment cachées par l'Etat défaillant, déstructuré ou en échec. D'ailleurs, il convient de remarquer que notre pays n'est pas seul à subir ce phénomène ancestral.
La pratique traverse l'Histoire et les continents. Ainsi, de Jules César au scandale de Panama, en passant par l'indice de perception de la corruption, établi chaque année par l'ONG «Transparency International», les méthodes changent, mais le procédé demeure le même, en Afrique, Europe, Amérique ou à Tataouine-les-bains. Sous forme de pot-de-vin, de «rachoua», de «chkara» ou de «cashir», ce saucisson devenu symbole anti-corruption, il s'agit de soudoyer, d'acheter le détenteur du pouvoir, afin de lui ôter son indépendance. Corrupteurs ou corrompus partagent en fait, avec bienveillance et soutien, le même objectif : maximiser leurs profits et obtenir plus d'argent. Les plus démunis sont bien sûr les plus révoltés, les plus scandalisés.
Par contre, les plus fortunés, les gros salaires et les comptes en banque bien garnis, dans la légalité toute relative, restent éloignés de la révolte, du questionnement individuel, de la remise en question du système tel qu'il est. L'intérêt supérieur de leur portefeuille, de leur carrière ou de leur ascension dans l'échelle sociale, passe avant cette gangrène qu'ils estiment ne pas les concerner. Pourtant, on est tous concernés car à la guerre, qu'elles que soient les règles, il y aura toujours des morts au combat. L'actualité nous enseigne qu'il est parfois possible que la loi reprenne le dessus, après un certain nombre d'abus. Sans citer de noms, la chasse aux sorcières s'en réjouirait, il faut reconnaître que la logique inhérente à ce système de passe-droits, de «béni âmiss», a fini par prendre le dessus sur les encadrements juridiques. Au prochain gouvernement d'essayer d'y faire bon ménage. Mais ça ne sera pas une sinécure, vues certaines mentalités déjà corrompues à différentes échelles?


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