Tipaza - Menaceur

Menaceur - Une leçon de valorisation des emballages dans les montagnes



Menaceur - Une leçon de valorisation des emballages dans les montagnes




C’est lors d’une journée marquée par la douceur du printemps en cette fin de l’année 2015, que nous avons pu emprunter les sentiers pour nous engouffrer au milieu des montagnes du douar Iazzabane qui relève de la commune de Menaceur, afin de rencontrer une femme qui subit une avalanche de malheurs.

Le visage chargé de rides de Bouhcida Aïcha ; une algérienne ; qui était née le 09 août 1968 dans la commune de Menaceur (Tipasa), ne peut même pas dissimuler les misères de cette montagnarde, oubliée par les mesures de solidarité initiées par les pouvoirs publics.

Pour assurer sa subsistance, Aïcha célibataire, atteinte d’épilepsie, a trouvé un moyen pour «gagner» sa vie. Elle met en valeur divers emballages qui polluent son environnement rural.

La vie est difficile pour cette algérienne qui ne peut même pas se déplacer seule, «je crains mon évanouissement, car je perds connaissance de temps à autre, j’ai peur» nous dit-elle.

Exposée à tous ces crises, elle lutte pour surmonter la dureté qui empoisonne ses quotidiens.

«Je demande aux enfants de nos voisins sans contrepartie nous indique-t-elle, de me ramasser tous les emballages qu’ils trouvent sur leurs chemins, tels que les boites du lait Candia, du café moulu, des couches bébés, les sachets de lait, les sachets de chips, les boites des biscuits, les étuis de jus en plastic, ajoute-t-elle, afin de confectionner les corbeilles à fruits et à légumes, les corbeilles à pain, les petits couffins, des sacs à mains pour transporter des choses, des objets de décoration», dit-elle.

Rares sont les personnes qui se rendent chez cette femme rurale, pure écologiste, pour acheter les produits confectionnés par Aïcha.

«Avec l’argent de mes ventes, j’achète mon médicament et les lentilles, mais rarement des vêtements, nous précise-t-elle, maintenant je ne travaille pas, car je n’ai pas assez d’emballages et les gens ne viennent pas ici pour acheter enchaîne-t-elle, je n’ai aucune ressource en dehors des recettes de mes ventes, mais je vis difficilement depuis mon enfance jusqu’à ce jour, je n’ai pas fréquenté l’école, depuis que j’étais enfant, je travaille durement», nous indique-t-elle.

Le métier d’artisane a été appris sur le tas après plusieurs tentatives infructueuses.

«Je n’ai pas de radio, ni de télévision, ni une armoire pour mettre mes affaires nous explique-t-elle, je ne mange que de la salade ou des lentilles tous les jours, j’évite le lait, le café, le thé, les pâtes alimentaires, cependant je ne me plains pas, du moment que je n’ai pas faim, mais je dois vous avouer que l’unique femme qui vient me rendre visite de temps en temps, c’est Bahia», conclut notre interlocutrice.

A l’intérieur d’un gourbi éclairé par les rayons de soleil, Aïcha nous exhibe de la poterie qu’elle a fabriquée.

Elle a réussi à construire un four à l’aide de l’argile. Elle a constitué son petit stock de branches sèches pour cuire sa poterie.

Impuissante au milieu de cet environnement silencieux, c’est sur un sourire timide, qu’elle nous lance quelques mots, «je compte sur votre journal pour me faire sortir de l’anonymat, peut-être qu’il y aura des personnes qui viendront me rendre visite afin que je puisse vendre mes produits et gagner un peu d’argent, pour acheter mon médicament, bien que je n’ai pas de maison, je vis avec ma mère âgée et je n’attends rien pour mon avenir.»

Une farouche envie pour mener une vie simple se dégage à travers les propos de cette femme rurale qui recycle avec des moyens dérisoires des emballages jetés en pleine nature.

Développement durable, une notion inconnue chez Aïcha, pourtant elle exerce bien le métier depuis des années, en dépit du poids de la misère.

M'hamed H



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