Algérie

Menace sur la filière apicole



Le président de l'Association des apiculteurs de Béjaïa reproche aux responsables de l'agriculture d'avoir distribué 16 000 ruches sans associer à cette opération ni les experts ni les membres du conseil interprofessionnel et sans tenir compte de la carte florale de la wilaya.Les apiculteurs de la wilaya de Béjaïa tirent la sonnette d'alarme. Le président de l'Association des apiculteurs de la wilaya, M. Rabah Bouzidi, parle d'un effondrement de la production de miel dans la wilaya de Béjaïa. Il estime le taux de mortalité des abeilles à quelque 60%. Le phénomène est observé ces dernières années à travers les 52 communes de la wilaya. Forcément, cette chute libre de la production de miel ne sera pas sans conséquence sur le prix de cet or jaune. Et pour cause, cette année, la filière apicole a enregistré une baisse de production historique, a-t-il ajouté.
Situation confirmée par les apiculteurs MM. Mohand Khodja, dans la région de Seddouk, et Azeddine Dahmani, dans la région de Tifra et Akfadou. Joint au téléphone, M. Mohamed Hamaï, président de la Chambre d'agriculture, a indiqué que la production de miel dans la wilaya est quasiment divisée par quatre. Il a évoqué avec M. Rabah Bouzidi un nouveau phénomène, observé ces derniers mois : "La désertion des ruchers par les abeilles." Si M. Hamaï a dit avoir posé le problème à la direction des services agricoles, plus précisément à l'inspection vétérinaire de la wilaya, afin de déterminer les causes de cette défection, M. Bouzidi estime, quant à lui, que c'est en raison des décisions bureaucratiques qui viennent d'en haut, à savoir le ministère.
Il a indiqué qu'en 2019 la direction des Services agricoles et les Forêts de Béjaïa ont procédé à la distribution de quelque 16 000 ruches sans y associer ni les experts ni les membres du conseil interprofessionnel et sans tenir compte de la carte florale de la wilaya. Une inflation de ruches qui n'est pas sans conséquence et sur l'abeille et sur la production de miel : "Je les défie, s'il reste 2 000 ruches sur les 16 000 réparties à travers le territoire de la wilaya, de quitter la filière définitivement." Pour se faire comprendre, Rabah Bouzidi a donné l'exemple de la commune d'Aït Melikèche où l'on a distribué quelque 600 ruches sans tenir compte de la carte florale de la région.
Occasion pour lui d'interpeller les autorités sur la situation des apiculteurs, qui ne peut se redresser sans l'implication des véritables acteurs de la filière. Il les mit en garde en leur lançant un véritable SOS : "Attention, nous perdons nos abeilles !" Pour Mohand Khodja, le doyen des apiculteurs de la wilaya de Béjaïa, qui connaît parfaitement les problèmes existant dans la filière apicole, il les explique, quant à lui, par le taux de mortalité, observée ces derniers mois, due aux coups de chaleur que les larves ne supportent pas. "Avant, les ruches étaient en bois ou fabriqués du chêne liège ; ce n'est plus le cas maintenant", a-t-il rappelé. Ce qui explique, selon lui, ce taux élevé de mortalité, jugé inquiétant.
Une chose est sûre, la filière apicole reste dans le flou, a déploré M. Bouzidi, qui rappelle que c'est pourtant le gagne-pain de beaucoup de monde. Il faut savoir que la wilaya de Béjaïa compte quelque 2 755 apiculteurs, dont 405 adhérents à la Chambre d'agriculture.
Chiffres communiqués en novembre 2018. Et le nombre de ruches a été multiplié par deux. Il était de 20 369 en 2000 et de 44 548 en 2018, soit une progression de 2 400 ruches par an. Mais avec l'introduction en 2019 de quelque 16 000 ruches, la production est assurément plus élevée.
M. OUYOUGOUTE


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